Les 49.3 en série, en plus d'être la preuve que vous êtes minoritaires ici comme dans le pays, sont la marque de votre mépris. Il n'y a rien que vous considérez moins que la souffrance engendrée par vos choix. Vous êtes incapables de vous la représenter autrement que sous la forme d'un tableur Excel ou d'un Ondam dévoyé. Or cette souffrance est le quotidien de mes anciens collègues – car, voyez-vous, avant d'être députée, je suis une soignante.
Il y a plus d'un an, je me rendais, lors d'une de mes premières actions, sur mon ancien lieu de travail, l'établissement public de santé mentale (EPSM) de la Sarthe. Une collègue me disait alors : « On n'est plus au pied du mur, il est déjà tombé. » Depuis, dans ce même établissement, quatre-vingt-cinq lits d'hospitalisation ont fermé au cours de l'été 2022, puis quarante-deux lits et trois services l'été dernier. Les soignants me disent : « À chaque annonce de l'agence régionale de santé (ARS), à chaque conseil d'administration, nous angoissons de voir nos conditions de travail se dégrader un peu plus et, derrière, de devoir mal prendre en charge les patients. Jusqu'à quand allons-nous pouvoir tenir ? »
Cette angoisse, je la connais bien. L'angoisse, mais aussi la rage de voir des patients et des familles laissés sans solution alors que les équipes soignantes se démènent, s'épuisent, luttent pour préserver ce qui fait la vocation de ce métier : le soin et le respect de la dignité humaine.