Cet article prouve que nous avions besoin d'un vecteur législatif pour traiter une question pendante essentielle, celle du devenir du rôle du médecin coordonnateur – je parle sous le contrôle de la rapporteure Laurence Cristol, qui connaît parfaitement cette fonction. Nous devons aller dans le sens des dispositions proposées par les amendements de la rapporteure, que je soutiendrai bien volontiers.
Toutefois, cela n'occulte pas le fait que nous devrons engager une réflexion globale. Les Ehpad sont parfois, dans certaines zones qualifiées de déserts médicaux, la dernière offre médicale et médico-sociale.
Cela pose aussi une autre question pendante, qui est absente de ce texte – mais il n'était pas possible de l'aborder ici –, je veux parler de l'Ehpad du futur : des réflexions ont été engagées à la CNSA et à la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) sur le modèle de l'Ehpad de demain, afin d'étudier son ouverture sur l'extérieur ou la manière dont il pourrait devenir un centre de ressources territorial délivrant des prestations à ses résidents en perte d'autonomie comme aux personnes âgées fragiles vivant à domicile.
Je vous présenterai tout à l'heure un amendement qui vise à instituer la présence de médecins gériatres au sein des Ehpad – à l'heure actuelle, elle n'est pas toujours assurée. Une fois de plus, un changement de braquet et d'organisation du modèle de l'offre de soins dans les établissements est nécessaire. Certes, ouvrir au médecin coordonnateur la possibilité de prescription, c'est bien, notamment dans les déserts médicaux où il n'y a plus de médecins traitants à coordonner, mais ce dispositif doit aussi s'articuler avec d'autres sujets, notamment celui de la délégation de tâches. Nous devons donc totalement repenser le modèle de l'offre de soins dans les Ehpad. Vous dites souvent, madame la ministre, qu'il faut repenser la médicalisation dans les établissements ; je ne suis pas loin de penser la même chose. D'ailleurs, nous devrions plutôt parler d'« Ehspad » – établissements d'hébergement et de soins pour personnes âgées dépendantes –, car ils doivent assumer à la fois le fait qu'ils constituent des lieux de vie et leur dimension médicalisée.