Merci, monsieur le premier secrétaire du parti communiste, je l'ai en effet rappelé à l'instant. C'est la lutte antiterroriste qui a ensuite monopolisé l'actualité et les ingérences des grandes puissances ont diminué – et pour cause.
Depuis le début de la guerre que Vladimir Poutine mène contre l'Ukraine, nous sommes confrontés à une double difficulté : le retour de la compétition entre grandes puissances et le risque terroriste. Vous avez donc raison de parler de tectonique des plaques. Pour la première fois, le continent africain est confronté à un terrible risque sécuritaire endogène, le terrorisme islamiste, bien souvent mêlé à des nationalismes locaux ou tribaux, auquel vient s'ajouter l'exploitation – pour ne pas dire la manipulation – de l'opinion par de grands compétiteurs qui œuvrent contre les intérêts français. Il faudra documenter ce phénomène, y compris en tirant les conclusions du rapport Fuchs-Tabarot, car c'est tout notre appareil d'État – civil sous l'autorité de la ministre, militaire sous la mienne – qui y sera confronté. Ne nous payons pas de mots : c'est un défi, et nous devrons le relever ensemble.
Quant au sentiment antifrançais que plusieurs d'entre vous ont évoqué, notamment celles et ceux – je les salue – qui se rendent souvent en Afrique parce qu'ils représentant nos concitoyens établis hors de France, il doit lui aussi être bien documenté car, souvent, il est organisé – je pense encore une fois à nos grands compétiteurs. Je ne prétends pas que tout ce que nous faisons est formidable, mais à lire certains articles de presse qui montrent à peine trente ou quarante personnes payées pour se rassembler devant une ambassade française avec deux drapeaux russes à la main, articles dont on tire à la hâte des conclusions définitives, je trouve que c'est tomber un peu trop vite dans le panneau ! Il faut donc savoir raison garder et confronter les décisions prises à Paris avec la réalité de la compétition entre puissances.