La présidente Le Pen a évoqué des mouvements tectoniques profonds ; tout dépend de quoi on parle. Depuis l'époque des mouvements de libération, des déclarations d'indépendance et, pour ce qui me concerne, depuis la signature des accords de défense, l'instabilité politique, malheureusement, domine : 150 coups d'État ont eu lieu en Afrique – dont beaucoup en Afrique francophone – et nous continuerons hélas de constater cette réalité tant que d'autres mécanismes de consolidation des démocraties africaines ne seront pas établis.
Vous dites d'ailleurs, et je vous en remercie, madame Le Pen, qu'il faut respecter la souveraineté des États et éviter les ingérences. Ainsi, la boucle est bouclée : après un coup d'État, comme au Mali, lorsque la nouvelle junte annonce que la lutte contre le terrorisme n'est plus sa priorité et qu'elle choisit comme partenaire le groupe Wagner plutôt que l'armée française, alors on s'en va – c'est l'application du principe de respect de la souveraineté et de non-ingérence. En d'autres temps, à une époque plus gaullienne – je parle en toute prudence –, on aurait sans doute eu tendance à mener des opérations destinées à constituer une offre politique différente avec d'autres méthodes, pour dire les choses pudiquement.
Cela veut aussi dire, si l'on va jusqu'au bout du raisonnement, qu'en cas de coup d'État au Mali ou au Niger, je ne vois pas en quoi c'est la faute de la France – d'aucuns diraient même la faute du Président de la République. Convenons-en : ce n'est pas la République française qui organise les coups d'État ou les contre-coups d'État en Afrique !