Ce déficit démocratique n'est pas un détail : il est au cœur du désastre. Pour qu'enfin on nous accorde ce temps de débat, sans vote, il aura fallu un affaiblissement sans précédent – certains diraient un effondrement – de nos relations en Afrique.
La stratégie, ou plutôt l'absence de stratégie de la France en Afrique depuis des années, est d'abord le résultat de décisions et de non-décisions prises dans l'entre-soi élyséen. Il y a eu une suite de choix erronés, de fautes, d'aveuglements. Comment pouvait-on croire, par exemple, que la militarisation quasi exclusive de nos relations avec le Sahel mènerait ailleurs que dans le mur ? Si les interventions militaires depuis 2011 n'expliquent pas tout, elles ont eu un impact décisif. Cela a commencé par l'intervention en Libye, qui a conduit, au prix d'un détournement du mandat onusien initial, à un changement de régime plus que hasardeux, dont l'effet a été désastreux sur la situation sécuritaire de tout le Sahel.