Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Une aide publique au développement efficace devrait servir à renforcer la construction des États et favoriser l'établissement d'administrations fiscales performantes leur permettant de faire leurs propres choix budgétaires et d'utiliser leurs ressources pour les services publics – l'éducation, la santé, la sécurité, les infrastructures routières et énergétiques. Dans cette perspective, les députés du groupe GDR proposent de dédier 10 % du total de l'aide publique au développement française au renforcement des capacités des États et de leurs services fiscaux. Le développement qui résulterait d'une telle mesure émanerait des forces vives du pays au lieu d'être maintenu plus ou moins artificiellement depuis l'extérieur. Notre logique consiste à apprendre aux gens à pêcher plutôt qu'à leur donner du poisson.

Vous pourriez faire un troisième pas en modifiant en profondeur votre politique sécuritaire et commerciale vis-à-vis du continent. L'intervention du Rwanda au Mozambique, à la demande de la France, pour pacifier une région où travaille Total, démontre la vision militariste de notre action sur le continent africain et l'usage utilitariste de l'aide publique au développement. La réaction d'Emmanuel Macron à la suite du coup d'État au Niger cet été, ainsi que la menace d'une guerre menée par la Cedeao, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, encouragée par Paris, relèvent du même réflexe mortifère, en l'occurrence de la crainte de perdre l'accès à l'uranium nigérien, que nous achetons à bas prix.

Les députés du groupe GDR le disent depuis longtemps : il faut engager une révision complète des traités de coopération militaire, ainsi que le retrait des bases militaires dans tous les États du continent. Car on ne combat pas le terrorisme uniquement par les armes, mais aussi par la politique. Partout où ils se trouvent, les entrepreneurs de violence, dont les djihadistes, se comportent comme des mafias : ils créent l'insécurité pour se présenter en protecteurs des populations en profitant du vide des politiques publiques et de la faiblesse des États – une faiblesse que la France a encouragée en subordonnant son aide et sa coopération à la signature d'accords avec la Banque mondiale, avec le Fonds monétaire international et avec le Club de Paris, de tels accords ayant pour but de supprimer des services publics pour rembourser les dettes.

Nous soldons aujourd'hui les comptes de ces errements. Et lorsqu'il y a un coup d'État comme au Mali ou au Niger, dont les instigateurs prétendent reprendre en main la situation sécuritaire, si la France a pour seule réponse des sanctions qui étouffent le peuple sans gêner les nouveaux dirigeants, il est évident que cela n'améliore pas l'image de notre pays. Nous ne soutenons évidemment pas les putschistes, mais nous dénonçons ce réflexe des sanctions, catastrophique pour l'image de la France.

Le quatrième pas qu'il vous faudra faire pour recréer la confiance entre la France et les États d'Afrique consiste bien évidemment à en finir avec votre politique du deux poids, deux mesures en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. À ce titre, les parlementaires communistes et ultramarins défendent l'idée qu'il faut régler, par le droit international, toutes les crises actuelles et cesser de tergiverser. La crise au Sahara occidental est une épine dans le pied de la France et dans celui du Maroc. Pourtant, le droit dicte déjà ce qu'il faut faire :…

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