Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

L'échec majeur de la France postcoloniale, c'est le franc CFA – le franc Pacifique également, mais c'est un autre sujet –, un instrument qui n'a plus aucune légitimité, relique d'un temps révolu aux yeux des peuples africains. Rendez l'indépendance monétaire à ces États et vous verrez rapidement leur situation évoluer. Ce n'est pas la perfide transformation du franc CFA en éco, proposée par Emmanuel Macron, qui y changera quoi que ce soit, puisqu'elle ne règle rien.

Toute l'économie des États utilisant le franc CFA est aspirée vers la zone euro et entrave le commerce entre les membres de la zone franc CFA. Cette monnaie est donc un instrument utilisé par les entreprises transnationales dans le cadre de fraudes fiscales et pour perpétuer les intérêts d'une petite élite déconnectée des réalités locales. Entre autres chantiers, nous devrions d'ailleurs nous atteler, en coopération avec les États africains, à la lutte contre l'évasion et l'érosion fiscales.

S'agissant de la politique monétaire internationale, la France doit peser de tout son poids pour accélérer la réforme des droits de tirages spéciaux du Fonds monétaire international (FMI). Ce panier de devises doit être mis au service d'un ordre international économique plus juste. Ce serait un premier pas.

Le deuxième pas consisterait à changer votre vision de l'aide publique au développement. Commencez par remiser aux oubliettes la conditionnalité de l'APD au respect de votre politique migratoire, car le vrai problème n'est pas là. Il est qu'au sein des États utilisant le franc CFA, le taux de pression fiscale, c'est-à-dire le poids des impôts dans la richesse nationale, est deux fois plus faible que la moyenne des États de l'OCDE – l'Organisation de coopération et de développement économiques – alors que les besoins y sont immenses. Les États souffrent de trop faibles rentrées fiscales en plus d'avoir été saignés par trois décennies d'application méticuleuse de la doxa néolibérale.

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