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Intervention de Aurélien Taché

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

Je salue également mon collègue du groupe Écologiste, Karim Ben Cheikh, député des Français d'Afrique de l'Ouest et du Nord.

Cette précision et ces salutations faites, je veux souligner qu'il était temps qu'un tel débat ait lieu au Parlement et que les représentants de la nation se saisissent pleinement du sujet.

Notre politique extérieure, pré carré élyséen – comme l'Afrique francophone le fut autrefois pour la France –, ne peut plus s'exprimer à travers la seule voix du Président de la République et de ses ministres. C'est d'autant plus vrai qu'au fil des discrédits et des impairs, cette voix a grandement perdu de sa crédibilité sur la scène internationale ; de ce fait, elle représente en Afrique le visage d'une France sans boussole. Il est donc grand temps d'en finir avec ces vieilles lunes. À cet égard, ce débat représente un progrès, même si je regrette qu'il ne soit pas suivi d'un vote.

Le continent africain, dont la population devrait atteindre 2,5 milliards d'habitants d'ici à 2050, se trouve au cœur de défis mondiaux. Il est le berceau mais aussi l'avenir de l'humanité. Nous ne pourrons faire face aux enjeux économiques, environnementaux et sécuritaires qui lient nos pays et nos populations qu'à travers une approche véritablement collaborative et partenariale, c'est-à-dire, en premier lieu, respectueuse de la souveraineté et de l'autonomie des nations africaines.

La France, du fait de sa longue présence coloniale et à travers ses multiples interventions – qu'elles soient militaires ou économiques –, est encore trop souvent perçue comme une force extérieure, agissant exclusivement dans son intérêt, plutôt que comme un partenaire véritable. Une telle perception nourrit les procès instruits, à tort ou à raison, contre une supposée Françafrique – ainsi que l'aurait ironiquement qualifiée l'ancien ministre français et président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Cette période est certes clairement révolue, mais ses relents toxiques, qui n'ont pas totalement disparu, n'en finissent plus d'empoisonner nos relations.

La politique africaine de la France – pour reprendre une expression aussi malheureuse que datée – a été, sous la présidence d'Emmanuel Macron, marquée par une dissonance entre les paroles et les actes. Elle s'est heurtée aux écueils du « en même temps » cher au Président de la République, qui se prête si mal à la géopolitique et aux relations internationales.

Six ans après le discours de Ouagadougou, dressons le bilan. En affichant, d'une part, un soutien de façade à la jeunesse et aux diasporas engagées et en apportant, d'autre part, un soutien bien plus concret aux pouvoirs amis, cette logique a créé une politique du deux poids, deux mesures. Les visites aux autocrates et la faiblesse de nos réponses diplomatiques aux crises qui traversent le continent ont terni l'image de la France et affaibli sa voix.

Pour ne citer que quelques exemples, le soutien à Ali Bongo – puis à la révolution de palais qui l'a renversé – au Gabon et à Mahamat Idriss Déby au Tchad, ou encore le silence face à la répression massive menée par Macky Sall au Sénégal, ont laissé un goût amer.

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