La décentralisation que nous appelons de nos vœux passera également par le développement de la coopération décentralisée, qui renforce les échanges locaux autant que les communautés, dans un contexte où les États sont parfois inexistants. Le dernier pan de ce travail de décentralisation consiste en réalité en un rééquilibrage et apparaît comme une évidence : il s'agit de remettre le Quai d'Orsay, dont les compétences sont incomparables, au cœur de notre politique étrangère.
Enfin, et c'est le dernier élément de ce champ des possibles, nous devons redéfinir notre aide au développement et mettre fin aux politiques vexatoires en matière de visas. Des décisions salutaires ont déjà été prises dans ces domaines, y compris au sujet des visas, et je salue des actions telles que la restitution des objets d'art et de culture africains, la reconnaissance de la responsabilité du colonialisme français ou encore la reconnaissance du génocide rwandais.
Nous devons cependant reconsidérer notre politique d'aide par l'emprunt : elle ne peut plus être le socle de notre aide au développement alors que la Chine ou les États du Golfe, qui n'ont pas les mêmes exigences financières que nous, en profitent pour accroître leur implantation, notamment économique, sur le continent africain. Ces évolutions devront s'accompagner d'une véritable stratégie visant à refaire de la sphère francophone un espace d'échange, de savoirs et de culture. Il faudra par ailleurs en finir avec une politique des visas qui est une véritable épine dans le pied de la France.
Le retrait de nos forces au Sahel devrait modifier définitivement nos rapports avec les pays africains. Pourtant, cela ne signifie pas que nous devons passer de l'interventionnisme à l'abandon. La redéfinition de nos partenariats devra donc répondre à un certain nombre de défis : la cohérence, car pratiquer la realpolitik ne doit pas nous empêcher de soutenir, en Afrique comme ailleurs, les valeurs que nous prônons en Europe ; le respect des particularismes, pour ne pas reproduire les erreurs du passé ; et l'ouverture sur le monde, car nous devons nous appuyer sur la francophonie pour restaurer notre image et nos relations.
Ne disposant que d'un temps de parole de dix minutes, j'ai dû faire des choix et je n'ai donc pas abordé de manière approfondie tous les enjeux que recouvrent nos relations avec le continent africain.