Intervention de Anna Pic

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnna Pic :

« La nouvelle donne africaine » : ainsi aurions-nous pu qualifier le débat qui nous rassemble aujourd'hui. Militairement, politiquement, économiquement, une page historique de la relation de la France à l'Afrique semble s'être définitivement tournée. Le coup d'État au Niger de juillet dernier et le retrait forcé de nos forces armées nous obligent à traduire en actes le débat récurrent de la reconfiguration de nos relations.

En 2013, la France lançait l'opération Serval. François Hollande était acclamé et accueilli en libérateur au Mali. Dix ans plus tard, la présence française au Sahel et dans d'autres régions d'Afrique est dénoncée. D'une intervention sollicitée à une présence contestée, comment en sommes-nous arrivés là ?

Les sociétés africaines se sont transformées sous l'effet d'une démographie dynamique, faisant de ce continent l'un des plus jeunes, dont le poids dans la population mondiale est de plus en plus important, mais aussi sous l'effet de la numérisation, de la démocratisation de l'accès au savoir et à la culture et d'une meilleure connaissance de l'évolution des relations internationales.

La nouvelle donne africaine, c'est aussi l'histoire d'une mondialisation de l'Afrique dont nous avons tardé à prendre pleinement conscience. Depuis plus de dix ans, la présence militaire française en Afrique a masqué l'érosion progressive de son influence politique et économique. Je prendrai deux exemples. D'une part, en l'espace de trois ans, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, avec lesquels nous entretenions de bonnes relations, ont connu des coups d'État sur fond de défiance à l'égard de la France, au point de réclamer le départ de nos forces armées et de nos diplomates. D'autre part, alors que les parts de marché de la France en Afrique étaient de 10,2 % en 2001, elles ne représentaient plus que 4,1 % en 2021. À titre de comparaison, l'Allemagne ou la Turquie nous ont dépassés. La Chine, quant à elle, caracole en tête avec 18 % : on parle dorénavant de « Chinafrique ».

Au cœur du mécontentement expliquant l'affaiblissement de l'influence française, une jeunesse trop souvent plongée dans une extrême pauvreté, tourmentée par des enjeux sécuritaires illustrés par le djihadisme et dont les aspirations ne sont pas sérieusement prises en compte. En résulte une résurgence de la rancœur coloniale,…

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion