Parallèlement, la France a investi un capital diplomatique considérable, notamment à Bruxelles pour convaincre les Européens de s'impliquer – tous n'entretiennent pas les mêmes relations que nous avec les pays africains. Nous avons obtenu des résultats concrets, puisque plus de 7 milliards d'aides européennes ont été allouées au Sahel sur dix ans, qui s'ajoutent aux 3,5 milliards de l'aide française que je viens de rappeler.
Nous avons également obtenu l'intervention directe, y compris militaire, de certains pays européens qui n'étaient jamais autant intervenus en Afrique : citons l'Estonie et la République tchèque, qui ont participé à la task force Takuba, l'Allemagne, engagée dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ou encore l'Alliance Sahel, grâce à laquelle nous avons fédéré vingt-sept bailleurs internationaux qui ont investi dans la région comme jamais auparavant.
Aux efforts diplomatiques consentis en Europe s'ajoutent ceux déployés auprès de l'ONU afin de créer, puis de renouveler chaque année, le mandat de la Minusma. Au moment où les derniers casques bleus quittent le Mali dans des conditions très difficiles et alors que 310 d'entre eux ont perdu la vie depuis 2013, je veux saluer le travail mené par cette mission des Nations unies.
Enfin, nous n'avons pas ménagé nos efforts pour convaincre les autorités du Mali d'appliquer l'accord d'Alger, d'améliorer la gouvernance et de rétablir les services de l'État dans l'ensemble du territoire. Nous l'avons dit et répété ; nous les avons encouragées. S'il y a bien un enseignement à tirer de la crise au Sahel, c'est que la gouvernance est fondamentale. Les partenaires extérieurs peuvent aider, inciter, mais ils ne peuvent pas se substituer aux autorités locales, ni ne le doivent.
Les coups d'État survenus au Mali, au Burkina Faso et dernièrement au Niger fragilisent tous les efforts consentis depuis 2013. La situation sécuritaire s'est dégradée, la crise humanitaire est dramatique et les violations des libertés se multiplient. Faire le choix du groupe Wagner, comme l'a fait le Mali, c'est de surcroît faire le choix de la prédation économique et des crimes de guerre.
Contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire par leur propagande, ces juntes ne sont pas motivées par une volonté de rupture avec la France, mais par une logique de rupture avec la communauté internationale, à commencer par leurs voisins, les organisations régionales et les Nations unies. Ce n'est pas tant la France qui est visée que tout un système international de coopération et de valeurs,…