Quand MaPrimeRénov' a été créée, elle a englobé les copropriétés. Or il existe des questions juridiques à traiter pour réaliser des rénovations complètes en copropriété, car il suffit de l'opposition d'un seul copropriétaire pour empêcher cette rénovation. Toutefois, lorsque le système a été étendu à l'ensemble des ménages français et comme je l'ai mentionné précédemment, nous avons embauché 120 000 salariés supplémentaires : cela signifie qu'une fois que le financement est disponible, que la visibilité est réelle et qu'il n'est pas nécessaire d'attendre le projet de loi de finances de l'année suivante pour connaître le fonctionnement des aides – comme c'est trop souvent le cas et ce qui met notre flexibilité à rude épreuve – nous sommes capables de trouver la main-d'œuvre nécessaire. Nous avons notamment « récupéré » des travailleurs d'autres secteurs en moins bonne santé ou qui offraient des salaires moins élevés. Il faut insister sur le fait que les négociations sociales dans notre branche ont abouti, ces dernières années, à des améliorations significatives des conditions de rémunération et des avantages proposés à nos salariés. Nous savons former nos équipes et les faire monter en compétences, nous sommes un véritable « aspirateur » à nouvelles technologies, nous attirons les jeunes qui sont sensibles aux enjeux écologiques, ce qui renforce notre attractivité.
Vous avez mentionné la mobilisation des fonds privés et il convient, à ce titre, d'évoquer le rôle d'Action logement, par le biais duquel les entreprises jouent un rôle central dans le financement du logement social. Action logement a été sauvé, il y a moins de trois mois, par un plan quinquennal auquel nous avons fortement contribué. Cet organisme permet de loger de nombreux salariés du secteur privé et contribue à fournir du logement de proximité aux salariés : Action logement, comme le secteur social, ont pour mission d'accompagner la réindustrialisation du pays. La construction d'une gigafactory à Dunkerque est une avancée significative, mais il est regrettable que la question du logement n'ait pas été abordée par le ministre en présence du Président de la République : il est pourtant essentiel de s'assurer que les douze mille salariés qui seront embauchés pourront se loger sans avoir à parcourir cinquante kilomètres chaque jour pour rejoindre leur lieu de travail !
Mobiliser davantage de ressources pour le logement social est une nécessité, mais il faut également soutenir ceux qui souhaitent investir dans des logements locatifs en tant que bailleurs privés, par des dispositifs type « Pinel ». Il existe en France des particuliers qui disposent de moyens financiers importants, notamment sous forme d'épargne. Il est donc temps d'envisager des décisions iconoclastes, telles que la taxation de 0,01 % des transactions vers l'assurance-vie pour alimenter un fonds de financement de la rénovation énergétique, au nom de la solidarité nationale. Il faudra se résoudre à aller chercher cette épargne qui est massive, ce dont profitera l'ensemble du pays : c'est ainsi que nous réussirons à réindustrialiser.
S'agissant des zones commerciales, l'État a consenti un investissement conséquent de 400 millions d'euros pour les entrées de ville, qui bénéficient déjà de nombreuses infrastructures. Cependant, l'achat de bâtiments dans ces zones coûte cher. Il est donc important de pouvoir mobiliser des investissements privés afin de créer dans ces zones des logements destinés à être loués à ceux qui ont moins de moyens, notamment grâce au statut du bailleur privé. Les ressources financières existent, il s'agit de les utiliser judicieusement.
En ce qui concerne le foncier, le bail réel solidaire (BRS) est une excellente idée. Bien que le nombre de ces baux augmente, il en existe encore trop peu en France. Pour relancer cette dynamique, il n'existe pas de solution miracle et il faut imaginer plusieurs initiatives qui se complètent : le prêt à taux zéro « toutes zones » est une avancée, tout comme le statut du bailleur privé ou encore le ZAN bien utilisé et aux bons endroits. Seule une série de mesures favorables de ce type nous aidera à atteindre les objectifs, alors que, je le rappelle, notre secteur se trouve aujourd'hui en situation de récession.