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Intervention de Loïc Berger

Réunion du mardi 10 octobre 2023 à 17h30
Mission d'information de la conférence des présidents sur l'accès des français à un logement digne et la réalisation d'un parcours résidentiel durable

Loïc Berger, administrateur de la Chambre nationale de l'artisanat, des travaux publics et du paysage :

S'agissant de l'augmentation des coûts et pour ce qui concerne l'aménagement et la viabilisation des lots et des logements, tout dépend où vous placez le curseur. Depuis la fin de la crise sanitaire jusqu'à présent, nous affichons des hausses de coût de + 25 % à + 28 %. Il est important de noter que le coût du carburant a largement contribué à alourdir la facture et que cette tendance semble appelée à se poursuivre, même si la fiscalité liée aux carburants, la fiscalité « brune », est un sujet délicat. Mais il est essentiel que nous abordions ces questions de manière franche : sommes-nous prêts à protéger ces métiers et à garantir le renouvellement de l'habitat en France ?

Pour ce qui concerne les matériaux, certains fabricants ont mis la barre assez haut, ce qui nous a rendus vulnérables en raison des crises successives. Nous espérons ne pas être à l'aube d'une nouvelle crise dans certains pays, qui pourrait créer de nouvelles difficultés toujours liées au coût des carburants.

Nous avons mené une enquête de conjoncture à la rentrée et plusieurs points problématiques en ressortent.

D'une part, les entreprises ont pris du retard sur leur carnet de commandes en raison de la covid-19, ce qui est inédit. L'augmentation des prix et l'impossibilité de les réactualiser ont donc mis à rude épreuve les trésoreries : actuellement, plus de la moitié des entreprises de travaux publics sont en difficulté de trésorerie. D'autre part, la confiance des entreprises est en berne : plus de 67 % d'entre elles déclarent ne pas avoir confiance en l'avenir. Par ailleurs, ces entreprises ont beaucoup embauché et elles font aujourd'hui face à un véritable ralentissement ; les embauches continuent, notamment dans le domaine de l'apprentissage et parce que nous sommes toujours présents et déterminés à former la jeunesse, mais leur rythme a nettement ralenti.

Pour rebâtir la confiance entre les entreprises et l'État, il est essentiel d'être prudent par rapport aux effets d'annonce : si, chaque année, le projet de loi de finances annonce la fin de la TVA à 10 % sur la rénovation et que l'on prône une fiscalité brune par une taxation plus élevée sur les carburants, cela crée de l'incertitude et de l'appréhension. Nos machines consomment du carburant fossile, nous en sommes conscients et privilégions le matériel récent, moins gourmand ; néanmoins, nous ne pourrons pas électrifier le parc de machines et construire les logements à l'électricité : cela n'est pas possible, à moins de tripler le coût d'investissement en matériel et de prévoir les infrastructures de recharge nécessaires. Ce type d'annonce peut décourager les investissements, y compris chez les artisans qui sont confrontés à un dilemme s'ils doivent, par exemple, envisager l'achat d'un véhicule utilitaire : ils ignorent s'ils pourront encore l'utiliser dans quelques années dans les zones urbaines. Ces incertitudes ont un impact direct sur les coûts de construction, car les projets de construction s'inscrivent sur le long terme et les actualisations de prix ne permettent pas de compenser les augmentations. Les trésoreries de nos entreprises sont déjà fragiles, trop fragiles, et si une nouvelle crise se profilait, les conséquences financières pourraient être considérables.

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