Le renchérissement du coût du logement est estimé aujourd'hui entre + 20 % et + 25 %. En ce qui concerne spécifiquement les maisons individuelles et la RE2020, nous avions anticipé une augmentation de 10 %, mais finalement, elle se situe entre + 7 % et + 8 %, jusqu'à + 13 % voire davantage en fonction des spécificités de chaque projet. À l'heure actuelle et par rapport au début de mars 2020, soit trois ans et demi, c'est bien d'une hausse de 20 à 25 % du coût de la construction neuve dont il est question, pour les maisons individuelles comme pour l'habitat collectif. Cette hausse est liée à l'augmentation du prix des matières premières, mais également au fait que nous avons été vertueux et que nous avons accordé des augmentations de salaire à la hauteur de l'augmentation du coût de la vie, dans une fourchette de + 5 % à + 7 % cette année comme l'année dernière. Or les salaires ont un impact significatif sur les coûts finaux..
Comme nos partenaires de la Capeb, nous ferons face à une récession dès cette année. Si nous avons connu récemment une croissance de plus de 2 % dans le domaine de la rénovation énergétique, nous constatons un déclin au niveau de la construction neuve dès la fin de cette fin année, qui se traduira par une baisse d'activité de plusieurs milliards d'euros. Plus préoccupant encore, l'année à venir s'annonce difficile, avec des prévisions indiquant une baisse d'environ 5 % dans l'ensemble du secteur de la construction : j'anticipe donc une diminution de 16 à 20 milliards d'euros de notre chiffre d'affaires l'année prochaine. Cette diminution est principalement due au secteur de la construction neuve, qui a un impact considérable sur l'ensemble de l'industrie du bâtiment.
Nous devrions idéalement produire entre 400 000 et 500 000 logements neufs par an, même s'il est vrai que le niveau de 500 000 logements neufs n'a été atteint qu'une seule année au cours des quinze dernières années. Les spécialistes admettent que le seuil de 400 000 logements constituerait déjà un progrès significatif pour améliorer le sort de nos concitoyens. L'année dernière, le chiffre était de 370 000 logements, ce qui signifie que, chaque année, nous accumulons un déficit par rapport à nos besoins théoriques. Pour l'année 2023, nous ne sommes pas certains d'atteindre le niveau de 300 000 logements. Nous voyons donc un schéma inquiétant se dessiner et, malheureusement, nous sommes sur le point de revenir à un niveau similaire à celui de 1991. Sans aucune intervention des pouvoirs publics sur le PTZ ou tout autre dispositif, nous pourrions descendre à 250 000 logements par an – peut-être 270 000 en 2024 si les conditions actuelles se maintiennent, mais, pour 2025, cette évolution est pratiquement inéluctable : le secteur de la construction est comparable à un paquebot qu'il est extrêmement difficile de relancer après un coup d'arrêt ; les travaux commencent douze à dix-huit mois après la délivrance du permis de construire et les chantiers sont livrés encore 24 à 30 mois plus tard.
J'ai averti nos adhérents, en particulier ceux œuvrant dans le secteur de la construction neuve, qu'il est déjà trop tard pour espérer échapper à la crise. Bon nombre de ceux-ci, en particulier les petits entrepreneurs employant moins de dix salariés, sont très dépendants de la construction neuve issue de la promotion locale, qui constitue une part significative de leur chiffre d'affaires. Les promoteurs commencent à faire face à des difficultés financières et glissent vers le néant ; derrière eux, c'est tout le monde de la construction et toute une filière qui plongent.
Nous avons estimé la perte d'activité de 16 à 20 milliards d'euros. Une baisse d'une telle ampleur aura nécessairement des conséquences. Même si la rénovation énergétique pourrait compenser un peu moins de la moitié de cette baisse, nous devrons probablement faire face à un déficit d'activité d'environ 5 % : c'est pourquoi je parle d'une récession forte et préoccupante en 2024 et 2025.
Cette situation est largement propre à la France ; elle n'est pas seulement liée à la dette, à une pandémie ou à des questions géopolitiques, lors même que des facteurs extérieurs tels que la flambée du prix du pétrole pourraient avoir un impact supplémentaire. Dans tous les cas, le problème central reste celui de l'investissement dans le logement abordable pour nos concitoyens, que ce soit dans la construction neuve ou dans la rénovation énergétique – même si rien ne vaut un logement neuf pour réduire la consommation énergétique.
Dernière remarque en forme de calcul : lorsqu'un Français moyen souscrit un prêt à taux zéro, c'est l'État qui perçoit environ 34 000 euros – cela peut sembler surprenant, mais on peut le prouver. Lorsque j'évoque ce point avec le ministre Thomas Cazenave et ses services, on m'explique que, pour l'Europe et les notations, ce sont les dépenses qui comptent : il faut donc faire des efforts. Nous pensons qu'il serait plus pertinent de distinguer entre « bonne dette » et « mauvaise dette », sans parler des versements de TVA générés immédiatement par le secteur du logement.