Intervention de François Schmauch

Réunion du jeudi 19 octobre 2023 à 9h00
Mission d'information de la conférence des présidents sur les capacités d'anticipation et d'adaptation de notre modèle de protection et de sécurité civiles

François Schmauch, docteur en sciences de gestion :

Des réserves incendie existent dans le monde entier. Elles visent à fournir aux communes des moyens en eau, ce qui reste le meilleur moyen d'éteindre des feux. Toutefois, elles ne suffisent pas : encore faut-il disposer à temps de camions porteurs d'eau en nombre suffisant.

Éteindre un feu ou secourir quelqu'un repose sur des mathématiques assez simples. Une phrase souvent citée dit approximativement que « la première réponse consiste à engager les moyens immédiatement disponibles, même s'ils ne sont pas totalement adaptés ». Les élus se disent en ce sens qu'ils doivent au moins disposer de réserves en eau. Financièrement, cette politique atteint sans doute ses limites cependant.

Il fallait dimensionner le système lorsque c'était possible, c'est-à-dire lorsque l'économie était porteuse. Aucun texte français ne parle aujourd'hui de délais ou de moyens. Un texte de 1969 en ce sens a été dénoncé par la fédération des pompiers, puis annulé. Un autre a prévu en 1981 des délais, qui ont cependant été annulés en 1988. Cette spécificité ne se retrouve que dans deux ou trois autres pays dans le monde. D'après une publication récente sur les pompiers japonais dans une revue allemande, le délai moyen d'intervention des ambulances à Tokyo est de 7 minutes, conformément aux obligations qui sont imposées d'après des calculs de besoins.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que, rapportés à la valeur des biens qu'ils permettent de sauver, ces investissements en moyens de services incendie ne coûtent absolument rien. Lorsque j'étais encore en activité, j'avais calculé qu'à Nantes, le coût global annuel du service incendie du département représentait la valeur des biens sauvés dans le département au 15 janvier : le reste des biens sauvés dans l'année l'est de manière purement bénéficiaire. Lorsqu'à Nantes, on sauvait un paquebot, on sauvait 3 000 emplois directs et 3 000 emplois indirects. Cette logique intellectuelle n'appartient cependant pas aux pays de culture catholique. Les pays de culture plus protestante prévoient davantage de pompiers, précisément pour perdre moins d'argent.

Dans de nombreux pays, les secours sont donc financés en grande partie par les assurances, mais aussi grâce aux dons, qui peuvent être très élevés, même si chacun, à son niveau, y contribue également.

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