En quarante ans, le nombre d'oiseaux présents en Europe dans les milieux agricoles a diminué de 60 %. Nous nous dirigeons par ailleurs vers une extinction totale des insectes pollinisateurs d'ici la fin de ce siècle. Durant les deux dernières décennies, les rendements agricoles ont baissé de 20 % au niveau européen du fait des changements climatiques. Nous devons prendre conscience que l'effondrement du vivant aura des conséquences dramatiques pour nos sociétés, en particulier pour la production alimentaire.
Les causes sont connues, les solutions aussi. Les objectifs, trajectoires et stratégies d'action existent. Le plan présenté par le secrétaire général à la planification écologique les a d'ailleurs rappelés récemment. Or plusieurs semblent avoir disparu de la SNB. Quelles en sont les raisons ? Pourquoi l'objectif de restauration des haies n'y est-il pas posé en solde net ? Pourquoi le fait de privilégier la conversion en agriculture biologique et de lutter contre la déconversion sur les zones de captage prioritaires n'y est-il pas mentionné ? Pourquoi aucune hiérarchie n'est-elle effectuée entre les certifications Haute valeur environnementale et Agriculture biologique ? Pourquoi la date d'atteinte des objectifs de la loi « Egalim » n'y figure-t-elle pas ? Pourquoi rien n'est prévu en matière d'objectif de réduction des nitrates ? Pour quelles raisons les prairies permanentes liées à l'extension de l'élevage herbagé ne sont-elles pas évoquées, sauf si elles sont aéroportuaires ?
Madame la ministre, miser sur le hasard ou la chance pour inverser la courbe de perte de biodiversité et restaurer les milieux ne marchera pas. Nous vous appelons à écouter les scientifiques et les associations expertes sur ces sujets, qui soulignent l'insuffisance de cette stratégie, en particulier sur le volet agricole, et indiquent qu'elle nous conduirait à manquer au moins huit cibles du nouveau cadre mondial. Ces experts vous demandent d'en finir avec les subventions néfastes pour la biodiversité, quatre fois plus élevées que les dépenses qui lui sont favorables, en révisant le plan stratégique national de la politique agricole commune (PAC). Ils vous exhortent d'en finir avec les grands projets inutiles qui détruisent nos sols et de sortir de l'ère des toxiques – pesticides, engrais, substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) – qui conduisent à cet effondrement. Allez-vous les écouter ?