La troisième stratégie nationale pour la biodiversité a connu une gestation difficile, après deux reports successifs, une présentation en plein remaniement ministériel et la suppression de la moitié de ses mesures par rapport à la version de mars 2022, que votre prédécesseuse Bérangère Couillard jugeait déjà insuffisante. Pourquoi ce retard ? Ne traduit-il pas une certaine fébrilité dans vos choix ?
Le financement est encore incomplet. Malgré 264 millions d'euros supplémentaires alloués en 2024, rien ne garantit que cette montée en puissance se poursuivra les années suivantes. Sans doute vous sera-t-il par ailleurs reproché de ne pas réduire suffisamment les subventions néfastes à la biodiversité.
Les acteurs de la biodiversité vous poussent en outre à rendre la SNB opposable, grâce à une adoption par voie réglementaire. Ne serait-ce pas donner des munitions aux juges et aux ONG pour faire condamner l'État s'il ne parvient pas à remplir ses engagements ?
Vous envisagez enfin de décliner au niveau national le règlement sur la restauration de la nature récemment voté au Parlement européen, qui vise à sortir 10 % des terres de la surface agricole et ramener 20 % du pays à son état d'origine en 2030. Allons-nous sauver la planète en sacrifiant notre sécurité alimentaire et nos agriculteurs ? Allez-vous limiter la fréquentation des sites touristiques, privant ainsi les Français d'un accès à la nature alors même que vous prétendez la leur ramener à moins de 15 minutes de leur lieu de résidence ? Quels projets majeurs d'infrastructures allez-vous enfin sacrifier pour lutter contre l'artificialisation des sols ?