J'ai à cœur d'avoir des objectifs qui motivent les chambres et les conseillers. Je leur fixe un objectif sur le nombre d'agriculteurs qu'ils doivent accompagner et je peux également fixer un objectif sur la qualité de l'accompagnement. Ces dimensions sont pleinement entre leurs mains et les motiveront. Et je n'aurai aucun problème pour faire appliquer la sanction en cas d'échec.
Mais sur d'autres sujets, comme l'agriculture biologique, j'aurai plus de difficultés à sanctionner, car les chambres n'ont pas tous les leviers. Définir des indicateurs sur lesquels les chambres ont peu de maîtrise n'est pas la meilleure façon de les motiver pour atteindre le résultat. Nous en avons beaucoup débattu en interne. Je pense que les indicateurs que nous avons fixés posent un niveau d'exigence. Nous demandons aux chambres d'accompagner un certain nombre d'agriculteurs avec un conseil de transition. Ils ne comptabilisent pas ce qu'ils veulent. Nous leur demandons d'enregistrer leurs chiffres sur les logiciels de facturation et de paiement pour vérifier qu'ils sont bons.
Les chambres rencontrent des difficultés de deux ordres. Dans les chambres qui couvrent énormément de filières, l'accompagnement de la diversité de ces filières nécessite beaucoup de techniciens. Nous commençons donc à les pousser à mutualiser les techniciens sur les petites filières. Par ailleurs, nous nous heurtons à un deuxième sujet majeur, le turnover des conseillers. Ce phénomène est même plutôt en train de s'accentuer.
Je pense que nous devons ouvrir le débat de la réévaluation de la taxe pour les chambres. Au fil des années, les bases sur lesquelles est assis cet impôt ont été réévaluées pour les collectivités alors qu'à chaque fois, un plafond a été maintenu pour nous. Quand on maintient un plafond pendant vingt ans, on commence à avoir des problèmes pour payer nos salariés au bon niveau de salaire et le turnover s'accentue de façon galopante. Si nous n'obtenons pas de soutien, nous serons vraiment en difficulté pour accomplir ces missions. Un accompagnement efficace sur les produits phytosanitaires exige des conseillers qui ont suffisamment de bouteille pour être reconnus par l'agriculteur et qui savent le challenger sans lui amener des recettes toutes faites.