Permettez-moi d'abord de vous dire que j'ai été la première femme secrétaire générale et la première femme vice-présidente parce que M. Le Graët m'a permis d'accéder à des postes aussi importants. La FFF a été créée en 1919 et avant moi, on peut seulement citer l'exemple de Marilou Duringer, qui a siégé pendant des années au conseil fédéral. C'était la seule femme sur vingt-huit membres. J'ai aussi pu permettre, avec bien sûr le concours de tous les acteurs du football français, que nous passions de cinquante mille à deux cent trente mille pratiquantes, et que nous ayons une directrice générale et une directrice générale adjointe. Ce président a permis à des femmes d'avoir du crédit au sein d'un milieu qui était peu propice à permettre à des femmes d'occuper des postes à responsabilités, ou plus simplement à leur permettre de jouer et avoir les mêmes droits que les garçons. Je n'ai jamais eu peur d'être seule dans un bureau avec Noël Le Graët. J'ai aussi dîné chez lui une ou deux fois pour discuter de la campagne et je n'ai eu peur à aucun moment non plus.
Je n'ai jamais vu M. Le Graët mettre la main sur une femme. Cela a éventuellement pu avoir lieu en dehors de ma présence mais je n'en ai jamais été témoin.
Je n'ai jamais caché par ailleurs que M. Le Graët a toujours fait des blagues graveleuses, comme c'était le cas d'autres personnes au sein de la FFF, au cours des réunions. J'ai toujours eu la même posture, consistant à dire sur le ton de l'humour : « C'est le moment de prendre tes cachets » car je n'acceptais pas qu'une personne, puis deux, puis trois, tiennent ce genre de propos lors de réunions. Nous n'étions déjà pas nombreuses et cela n'avait absolument pas sa place. Et cela passait. Effectivement, les blagues de M. Le Graët pouvaient parfois mettre mal à l'aise des femmes – ou toute personne qui ne le connaissait pas bien. J'ai parfois été conduite à lui dire qu'il allait un peu loin. Ce sont des blagues d'un autre temps qui n'ont plus leur place. Très gentiment, j'ai eu l'occasion de lui demander d'arrêter.