Un changement complet de paradigme doit être opéré. Cela prend nécessairement du temps. Vu le faible nombre de cas signalés, nous pensons qu'il existe un problème de libération de la parole et que ce sujet concerne l'environnement du pratiquant. Ce dernier doit trouver autour de lui des personnes qui soient a minima sensibilisées ou des outils pour régler une situation présente ou vécue dans le passé. Le déploiement de Réglo'Sport, soutenu par le ministère des Sports, dans l'ensemble des clubs fédérés du pays vise à permettre aux pratiquants concernés de prendre conscience d'une part que leur expérience personnelle porte atteinte à leur intégrité et d'autre part qu'ils peuvent se faire accompagner. Faire connaître les outils existants est donc fondamental et force est de constater que cette connaissance est insuffisante, aussi bien chez les pratiquants que chez leurs encadrants. De nombreux dispositifs ont été lancés ces dernières années et il faut les faire connaître le plus possible. Signal'Sport est bien maîtrisé à notre niveau désormais mais doit encore infuser dans l'ensemble des structures concernées. Tout cela requiert un énorme effort d'acculturation du milieu parasportif.
Il y a aussi un enjeu majeur de formation des acteurs. Certaines pratiques qui étaient acceptées – non pas qu'elles fussent acceptables – il y a une quinzaine d'années sont totalement prohibées aujourd'hui. Les acteurs doivent être formés de manière à pouvoir offrir un environnement bienveillant aux pratiquants.
Sans aller jusqu'à parler de présomption de culpabilité, la victime doit aussi avoir l'absolue certitude qu'elle sera toujours soutenue pour franchir les obstacles qui ne manqueront pas de se dresser devant elle. Certaines personnes accusées produiront des attestations pour nier les faits, des contre-témoignages d'autres femmes entraînées par le même homme, etc. Nous ne sommes pas des juges mais des accompagnateurs et nous voulons que la présumée victime ait la certitude qu'elle sera accompagnée jusqu'au bout. Malgré les déclarations de principe et les communications auprès des délégations, cela n'est pas suffisamment ancré dans l'état d'esprit des pratiquants.
Tous ces changements seront donc longs. Nous sommes malgré tout assez optimistes car nous avons observé une certaine mobilisation de la part des acteurs et notamment au cours des deux ou trois dernières années.