L'an passé, nous étions relativement optimistes sur ce point, même si une inquiétude commençait à poindre. Cette année, elle se confirme.
La cible de recrutement de l'armée de terre est d'environ 15 000 recrues. Pour la première année, nous nous attendons à un déficit d'environ 2 000 militaires.
Je partage l'opinion du Cemat, qui attribue ce phénomène à des causes conjoncturelles telles que la concurrence du secteur privé – nous savons que les entreprises de nos circonscriptions ont des métiers en tension –, le contexte de plein-emploi vers lequel nous nous dirigeons et un marché du travail dynamique et les conséquences de la crise du covid, d'une part, et, d'autre part, à des difficultés structurelles telles que la baisse du nombre de jeunes aptes au service, notamment du fait de l'aptitude médicale et des évolutions sociétales affirmées dans le rapport au travail.
Le Cemat met en œuvre une stratégie de communication adaptée. Le processus de recrutement fait l'objet d'une attention redoublée, grâce à une augmentation du nombre de recruteurs et à la création de cellules d'aide au recrutement. Il a également annoncé que certains critères d'aptitude physique et de santé seraient revus, dans le sens d'une plus grande adaptation aux besoins de l'emploi visé.
Par ailleurs, un effort est consenti en faveur des armées, dont les crédits de masse salariale augmentent de plus d'un demi-milliard dans le PLF 2024. Certes, ce n'est jamais assez, et l'un de nos collègues vient d'essayer de démontrer que plus égale moins, mais les faits sont là.
Les mesures dites Guerini prévoient 377 millions d'euros au bénéfice de nos militaires. Un effort indemnitaire sera fourni à travers la première année de mise en œuvre complète de la NPRM. Le ministre des armées a indiqué qu'il consentira à une revalorisation des grilles indiciaires. Après avoir porté sur les catégories des militaires du rang et des sous-officiers dits subalternes au deuxième semestre 2023, cet effort indiciaire sera ciblé en 2024 sur les sous-officiers supérieurs, à hauteur de 46 millions en année pleine. À titre d'exemple, selon les informations qui m'ont été fournies, un adjudant de l'armée de terre recevra 180 euros supplémentaires par mois. Citons aussi le plan « famille ».
Plus généralement, nous devons promouvoir les dispositifs d'engagement auprès de notre jeunesse. Par-delà la question salariale, dont nul ne nie l'importance, la question du sens se pose. Entrer dans nos armées, c'est exprimer la volonté d'effectuer une mission spécifique au service de la nation, notamment dans le contexte durci des conflits internationaux.