Tout miser sur la route, sacrifier les petites lignes ; tout miser sur les métropoles, sacrifier les territoires. Il fut un temps où la France était recouverte par un vaste réseau de voies ferroviaires qui traçaient sur les anciennes cartes scolaires veines, veinules et capillaires irriguant tout le corps de notre pays. De ce réseau effacé ne restent que quelques points, les métropoles. Allons-nous sortir de l'impasse que constitue la concentration de toutes les activités dans les grandes villes avec cette proposition de loi ? La question mérite d'être posée car les grands enjeux pour notre souveraineté résident tous non dans les métropoles mais dans les ruralités, qu'il s'agisse de l'eau, de l'énergie de l'alimentation, de la réindustrialisation et même de la production de logements.
Le retour d'un réseau ferroviaire reliant les métropoles à leurs campagnes dans un rayon de 80 kilomètres peut être une occasion d'offrir un juste retour à nos ruralités pour services rendus. Toutes les grandes politiques publiques que j'ai citées sont en crise et nos concitoyens souffrent de vos choix : l'industrie a disparu, l'eau tend à devenir rare, les prix de l'énergie et de l'alimentation explosent et votre politique du logement est en faillite.
Selon l'Insee, l'inflation a plus durement touché les campagnes que les villes et ce matin même, les derniers chiffres publiés montrent que la pauvreté s'accentue. Nous vous l'avions dit, mais vous êtes restés sourds à nos alertes.
Remettre des trains dans les campagnes, dans la logique d'un vaste plan rooseveltien, ne sert cependant à rien si l'on s'en tient à un budget d'austérité, adopté qui plus est après un 49.3. Monsieur le rapporteur, monsieur le ministre délégué, une telle politique ne peut fonctionner que si elle s'accompagne d'un plan de relance économique comprenant investissements, hausse des salaires et blocage des prix.
Il est pourtant urgent de lancer ces projets de Serm d'autant que des villes comme Montpellier, où il faut parfois attendre deux heures pour sortir d'un parking du centre-ville ou s'extraire des axes autoroutiers, mettent en œuvre des stratégies urbanistiques d'exclusion des habitants du monde rural, que Gilles Savary qualifie d'« apartheid socioterritorial » : ZFE imposées dans des délais trop courts, réduction des artères entrantes, ralentissement des cadences pour soutenir la gratuité des transports en commun, métropolisation de l'économie et des services publics. À cet égard, nous ne pouvons qu'approuver la volonté du Sénat de prendre en compte les enjeux liés au déploiement des ZFE.