C'est un bien étrange projet de loi qui aura été soumis à notre examen : face à l'inflation galopante, il ne nous est proposé que d'avancer de quatre à six semaines la date de clôture des négociations commerciales entre fournisseurs de produits de grande consommation et distributeurs.
En deux ans, l'inflation est passée d'un niveau quasi nul fin 2021 à 6 % en 2023. Cette moyenne générale cache une réalité plus inquiétante encore dans le détail, puisque les prix de l'alimentation, par exemple, ont bondi de près de 22 % depuis un an.
Les Restos du cœur, devant l'afflux de nouveaux demandeurs, prévoient de restreindre les conditions d'accès à leurs repas. La précarité alimentaire gagne chaque jour du terrain, dans un pays qui compte désormais dix millions de pauvres, alors qu'un Français sur trois déclare ne pas manger à sa faim et qu'un Français sur deux se prive de viande ou de fruits et légumes frais.
Le Gouvernement a multiplié les gestes inutiles, les slogans et les projets fantaisistes. M. Bruno Le Maire a demandé aux géants de l'industrie de bien vouloir « faire des efforts » tout en annonçant avoir « gagné la première manche contre l'inflation », pour conclure « la crise est derrière nous ». Autant de demandes restées vaines et d'analyses contredites par les faits. Pendant que le Gouvernement tâtonne, les Français s'enfoncent dans la précarité.
La première mesure prévue dans ce projet de loi était pour le moins originale : demander à la grande distribution de vendre son carburant à perte.