Afin d'atteindre le plein emploi, le Gouvernement avait tout tenté et, si nous l'en croyons, presque tout réussi. Parler de travail, de salaires, de solutions nouvelles devenait superflu, il était temps de choisir la facilité, de céder à la rumeur publique, au café du Commerce, aux réseaux sociaux, et d'assumer enfin un discours relayé partout : des chômeurs préféreraient à la recherche d'un emploi le confort de l'assistanat et le plaisir de l'oisiveté, il y aurait une précarité heureuse.
Je vous rassure : je vis dans la même France que vous. Ces propos, je les entends souvent. Notre travail consiste à y répondre. Mais plutôt que de corriger ce sur quoi ils se fondent, c'est-à-dire les quelques mesures susceptibles d'encourager l'inactivité, plutôt que de retravailler les dispositifs relatifs à la reprise d'activité, à la lutte contre la fraude, au revenu du travail, vous avez choisi d'y faire écho.
Nous n'avons pas été élus en vue de répéter le discours ambiant : lorsqu'on légifère, on le fait avec force, en toute responsabilité, en toute conscience de ce que cela implique pour nos concitoyens. Or vous montrez du doigt les chômeurs, particulièrement les plus fragiles.
Aux bénéficiaires du RSA, vous vous bornez à dire que s'ils veulent des aides, ils vont devoir se bouger – accepter l'inscription automatique en tant que demandeur d'emploi, condition sine qua non du versement de l'allocation, effectuer chaque semaine quinze heures d'activité. Qu'importe que cela ait du sens ou corresponde à un projet professionnel : l'essentiel est que ces assistés paient leur dû à la nation ! Vous allez jusqu'à prévoir un régime de sanctions financières. À défaut d'enrichir les travailleurs, vous appauvrirez les chômeurs : cela ne mène nulle part ! Alors que la crise du pouvoir d'achat, que l'inflation battent leur plein, votre seule réponse est d'envisager de rogner 607 euros mensuels !