« – Bonjour Arnaud, je sais que vous souffrez de maux de dos, mais la réforme de l'assurance chômage vous impose de reprendre le travail, et celle des retraites de cotiser deux années supplémentaires – attention, nous avons supprimé les critères de pénibilité.
« – Ah, vous avez été licencié parce que vous n'aviez plus les moyens de faire le plein et que les transports en commun sont insuffisants ? Malheureusement, vous ne pouvez pas continuer à percevoir le RSA, car vous ne respectez pas notre cahier des charges. »
Sérieusement, est-ce cela que vous répondrez ? Comment pouvez-vous réduire des femmes et des hommes, dont les parcours de vie sont déjà si difficiles, à leur incapacité – réelle ou présumée – à l'emploi ? Plutôt que de vous attaquer aux freins à l'emploi connus, comme les difficultés en matière de transports, de garde d'enfants et de santé, et d'investir davantage dans des mesures d'insertion, vous continuez à fissurer l'appareil de protection sociale dont la responsabilité incombe à l'État.
Vous avez refusé de créer un revenu digne d'existence pour tous – en particulier les victimes d'accidents de la vie –, comme nous vous l'avons demandé tout au long des débats. Chers collègues, j'espère que, par votre vote, vous refuserez ce refus indigne.
Monsieur le ministre, si vous n'avez pas voulu reconnaître qu'il faut allouer davantage de moyens à l'insertion, si vous n'avez pas voulu discuter du coût réel de cette réforme, c'est peut-être simplement parce que son ambition – pas si cachée – est de faire des économies grâce à la radiation massive de bénéficiaires du RSA.
À partir du 1er janvier, le titre restaurant ne permettra plus d'acheter un simple paquet de pâtes, mais seulement des pâtes déjà préparées. Plutôt que de viser la dignité, monsieur le ministre, vous préférez faire passer ce texte indigne. Chers collègues, j'espère que, comme nous, vous voterez contre.