Je voudrais poser une question à M. le ministre : à défaut d'avoir ouvert ses oreilles, a-t-il au moins ouvert un dictionnaire ? Pour l'avoir fait moi-même, je sais que le Larousse définit le travail comme une « activité professionnelle régulière et rémunérée », donnant comme exemple d'usage l'expression « vivre de son travail ».
Vous parlez de France Travail, mais nous parlons, nous, de gens qui ne travaillent pas, qui n'arrivent pas à travailler, c'est-à-dire des allocataires du RSA. Que leur promettez-vous ? De vivre moins bien, sans pouvoir pour autant travailler.
Vous avez créé le réseau France Travail dans l'objectif avoué de mettre tout le monde au travail, mais le ministre a lui-même reconnu que tout le monde n'est pas en mesure de travailler. Vous prévoyez d'imposer à tous les allocataires du RSA l'obligation de s'inscrire à Pôle emploi ; c'est une folie et vous le savez. C'est pour cela que nous vous demandons de renvoyer le texte en commission.
En plus de commettre cette folie, vous la traduisez dans le vocabulaire technocratique dont vous avez le secret. Vous avez voulu créer France Travail, après avoir créé France Relance, puis le Raie, le réseau des acteurs de l'insertion et de l'emploi. Vous avez supprimé l'insertion – pourtant la seule promesse que faisait le RMI, revenu minimum d'insertion, à ceux qui avaient peu –, ce qui laisse le Rade, le réseau des acteurs de l'emploi. Maintenant, c'est France Rade !
Chers collègues, je ne suis pas fier de faire partie d'une assemblée qui s'apprête à voter un tel texte. Ce projet de loi n'aura qu'un seul résultat, souligné par le Secours catholique dans son rapport annuel sur l'état de la pauvreté en France, publié aujourd'hui : il y exprime son inquiétude quant aux effets de votre réforme de l'assurance chômage et du présent texte sur l'augmentation de la précarité. Il ne s'agit pas de travail, mais de rade, de gens en galère qui n'en pourront plus et à qui il deviendra encore plus difficile de faire avec peu. Ils vivent déjà mal, mais vivront encore moins bien à cause de vos réformes. J'espère que vous en avez conscience.
Pour ces raisons, nous voterons la motion de rejet.