C'est un choix étonnant que de diminuer le budget dans un contexte de forte inflation.
La fonction publique se porte mal, les fonctionnaires sont inquiets et les usagers du service public sont mécontents. C'est un tableau un peu noir, me direz-vous, mais il reflète la réalité et l'opinion de nombre de citoyens. Le mécontentement n'est pas seulement dû à la baisse du nombre de fonctionnaires ou des crédits.
Le manque de reconnaissance est à l'origine de la crise de la fonction publique. Pourtant nous sommes de plus en plus exigeants vis-à-vis de ceux qui font vivre les services publics : dans l'éducation nationale, on réclame toujours plus de diplômes – il y a encore quelques dizaines d'années, il fallait un certificat d'études ou un bac + 2, aujourd'hui, c'est un bac + 5–, sans que le salaire, lui, n'ait progressé ; l'autorité des professeurs n'est plus reconnue ; c'est un métier qui est désormais pris pour cible ; nombreux sont les enseignants qui vivent dans la peur. Il faudra plus qu'une augmentation de salaire pour pourvoir les postes dans les concours, monsieur le ministre.
Dans les métiers de la justice, les revalorisations en cours sont très inégales. Vous avez certainement suivi la grève des greffiers partout en France. La souffrance est omniprésente. Il en est de même dans la police où vient s'ajouter un manque de confiance de la population. Peut-être quelques moyens pourraient-ils être consacrés à la formation et à la création d'une police de proximité.
Quant à la santé, le Covid a mis en lumière les carences importantes de notre système. Malgré tout, l'engagement de ceux qui travaillaient dans les hôpitaux et dans tous les établissements publics de santé a été sans faille. Cela a obligé le Gouvernement à revaloriser certains salaires. C'est bienvenu, mais à l'applaudimètre, le service public de la santé aurait mérité quelques euros supplémentaires. Les déserts médicaux, la pénurie de certains médicaments et le manque d'attractivité du secteur public face aux groupes privés sont autant de problèmes non résolus.
Je termine par quelques mots sur la fonction publique en outre-mer. Ces territoires ne sont toujours pas logés à la même enseigne et les difficultés que connaît l'Hexagone y sont exacerbées.
À La Réunion, certains préfèrent renoncer à entrer dans la fonction publique plutôt que de risquer un départ sans espoir de rentrer au pays. Nous avons eu l'occasion d'évoquer ce sujet lors de l'examen de ma proposition de loi visant à promouvoir l'emploi et le retour des fonctionnaires d'État ultramarins dans les territoires d'outre-mer. Il est nécessaire de créer, avec les Ultramarins, une fonction publique adaptée et efficace. Vous m'aviez annoncé que vos services travaillaient à une nouvelle circulaire pour actualiser et uniformiser les centres des intérêts matériels et moraux (CIMM). Je réitère ma demande d'être associée, avec mes collègues ultramarins, à ce travail.
J'appelle également votre attention sur la situation de l'éducation nationale : les professeurs et les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) manquent – 44 unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) sont sans professeurs formés. Enfin, les personnels hospitaliers sont en grève, ils attendent une revalorisation du coefficient géographique et craignent pour leur emploi. J'espère que vous aurez à cœur de répondre à ces questions.