Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mercredi 25 octobre 2023 à 9h05
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Le budget de la défense ne nous convient pas car il est le premier de la nouvelle loi de programmation militaire contre laquelle nous avons voté. Cette LPM projette un budget de 413 milliards d'euros d'ici 2030, ce qui entraînerait le plus que doublement du budget militaire entre 2017 et 2030, de 32 à 70 milliards d'euros. Ce budget sans commune mesure va peser très lourd sur le budget de l'État. Il s'agit d'un choix politique et symbolique que nous ne soutenons pas car ce budget sera, d'ici 2028, pour la première fois plus important que celui de l'éducation.

Ce budget a été pensé pour remobiliser notre armée, alors qu'elle a surtout besoin de remonter en puissance dans des domaines spécifiques, reposant sur des choix politiques forts, et non pas de devenir une armée « échantillonnaire », potentiellement performante dans tous les domaines mais disposant de toutes petites capacités. Pourquoi maintenir une armée de projection ? Pourquoi ne pas privilégier les armes défensives et les futurs secteurs comme la défense cyber et le spatial ? Pourquoi garder coûte que coûte les armes nucléaires qui, en plus d'être illégales du point de vue international, sont dangereuses et inutiles, et qui grèvent le budget militaire de sommes pharaoniques ? Aujourd'hui, nous dépensons près de 20 millions d'euros par jour pour ces armes nucléaires : est-ce véritablement utile ?

Les bombes nucléaires, qu'elles soient américaines, britanniques ou françaises, sont toutes orientées dans la même direction ; il est donc juste de les additionner.

Ce grave manque de réflexion politique en matière de stratégie militaire nous coûte cher. Notre armée tente d'être partout et elle déçoit finalement tout le monde. Or l'objectif budgétaire de l'armée devrait être la défense de nos très grandes frontières maritimes pour lutter contre la piraterie et le pillage de nos ressources de pêche. Les outre-mer disposent de trop peu de moyens dédiés à la surveillance et au contrôle des eaux territoriales.

Enfin, le budget serait mieux employé si une plus grande part était utilisée pour améliorer le matériel du quotidien des militaires, leurs conditions d'entraînement, pour faire remonter en puissance les services de soins aux armées ou encore pour améliorer les plans de carrière comme le plan « famille 2 ». Les choix du Gouvernement ne sont pas satisfaisants et notre groupe votera contre ce budget.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion