Je regrette que la sobriété énergétique et l'écologie numérique aient fait l'objet du dernier point de votre propos introductif. Cela montre clairement que cette question ne domine pas votre feuille de route, bien que vous soyez rattaché à la ministre chargée de la planification écologique.
En juillet dernier, néanmoins, vous avez lancé le groupe de travail « Numérique et télécommunications ». Votre objectif était que les acteurs du secteur s'engagent dans la sobriété énergétique et réduisent de 10 % leur consommation d'énergie dans les deux ans. Je rappelle que le numérique, c'est 12 % de la consommation d'électricité, 3 % de la consommation d'énergie finale et 3,5 % des émissions de gaz à effet de serre, soit davantage que le trafic aérien. On sait aussi qu'entre 2017 et 2025, la consommation énergétique du numérique aura doublé. Au regard de ces chiffres, la réduction de 10 % que vous planifiez paraît bien dérisoire. Quant à la mesure prise par Orange – l'extinction de la lumière dans ses boutiques trente minutes après la fermeture – et aux autres effets d'annonce de ce type, ce sont des pis-aller.
Monsieur le ministre délégué, ne tombez pas dans l'inaction climatique ! Ne cédez pas à la facilité ! Dans ce domaine, les enjeux sont considérables, et il y a beaucoup à faire. À titre de contribution, je cite quelques exemples : la limitation de l'essor de l'internet des objets ; l'optimisation du taux d'utilisation des data centers ; la nécessité de contenir la croissance du parc d'équipements – vous avez évoqué rapidement le reconditionnement ; la question de la sobriété des données et les mesures à prendre pour contenir l'explosion du trafic – compte tenu des changements de mode de vie, notamment du télétravail.
Faites de l'écologie numérique un axe majeur, voire un axe directif de votre feuille de route ! Il manque dans celle-ci des objectifs chiffrés et une planification. Il faut planifier tout cela dès maintenant. Prêtez-y attention, car c'est ce qui sera déterminant dans les cinq prochaines années face à la crise énergétique, les ressources de la planète étant limitées.
Concernant la neutralité du net, ne faites pas ce que Donald Trump a fait aux États-Unis en 2018. En Europe, nous sommes protégés par un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne. Je vous demande de ne pas soutenir Thierry Breton dans sa volonté de remettre en cause le principe fondamental de la neutralité du net.