Le débat de fond a largement eu lieu lors de l'examen du projet de LPM. Néanmoins, je n'arrive plus à vous suivre : à maintes reprises, des membres de votre groupe, notamment la présidente Le Pen, ont fait valoir que le Rassemblement national était opposé aux coopérations dès lors qu'elles étaient communautarisées, mais qu'il était favorable aux grandes coopérations de gré à gré entre nations. Or les programmes Scaf et MGCS sont précisément des coopérations de cette nature – s'agissant du MGCS, nous verrons si nous allons jusqu'au bout ; en tout cas, je vous l'ai dit, je mène les discussions à ce sujet.
Souvent, vous vous empressez de préciser que vous êtes pour Ariane. Du moins, vous n'êtes pas contre. Si vous affirmiez que vous êtes contre, le coût politique serait, à mon avis, très lourd. Si votre collègue Timothée Houssin, mon compatriote de l'Eure, entend expliquer à Vernon qu'il est contre Ariane, je lui souhaite bien du courage !
En réalité, vous prenez position à la carte, en fonction de critères que je n'arrive pas à comprendre. Remontons dans l'histoire : les raisons qui vous amènent à être contre le Scaf et le MGCS auraient dû vous conduire à être contre les programmes de coopération entre nations en matière spatiale, comme Ariane. Faites preuve de clarté : selon quels critères doit-on, d'après vous, engager une coopération ?
Vous pouvez mettre en avant telle ou telle déclaration tirée de la vie politique allemande ou des débats au Bundestag. On pourrait d'ailleurs, de même, isoler certaines déclarations prononcées dans cet hémicycle ; je doute que ce serait très lisible.
En définitive, il existe des critères objectifs en ce qui concerne les coopérations, comme le partage de la charge. Vous avez parlé de « portion congrue » à propos du programme Scaf. Non, il est mené à cinquante-cinquante. Mieux, c'est la France qui en est chef de file. S'agissant des industriels, c'est Dassault Aviation qui en est chef de file – en partenariat avec Airbus, qui n'est pas, me semble-t-il, la plus allemande des entreprises.
Si vous vous placez sur un terrain purement politique et faites de ces programmes un sujet pour les élections européennes – c'est ce que j'ai compris à la faveur des nombreuses auditions en commission au cours desquelles j'ai répondu à vos questions –, je ne peux rien y faire. En revanche, si vous acceptez de vous fonder sur des critères techniques et objectifs tels que la souveraineté ou le partage de la facture – c'est évidemment un point important, que le rapporteur spécial a évoqué –, nous pouvons discuter des conditions dans lesquelles ces coopérations sont menées.
J'émets un avis défavorable.