L'année 2024 sera charnière pour nos armées. Il s'agira en effet de la première année d'entrée en vigueur de la loi de programmation militaire que nous avons adoptée à une très large majorité en juillet dernier. Avec près de 2,2 milliards d'euros en autorisations d'engagement et 2 milliards d'euros en crédits de paiement, les crédits du programme 144 sont à la hauteur des engagements pris dans cette LPM. Les grandes priorités sont confortées : hausse inédite des budgets pour nos services de renseignement, poursuite de l'effort historique au profit de l'innovation de défense, dont le budget est maintenu à 1 milliard d'euros en crédits de paiement, conformément à l'engagement pris dans la LPM pour les années 2019 à 2025, et maintien des budgets consacrés à la prospective stratégique et au rayonnement international du ministère.
Plusieurs défis devront toutefois être relevés en 2024. Ainsi, l'inflation dans le secteur du bâtiment a entraîné une hausse importante du coût du projet de nouveau siège de la DGSE au Fort Neuf de Vincennes, de l'ordre de 184 millions d'euros, ainsi qu'un retard de quatre ans, l'emménagement ayant été reporté à 2032. Je serai particulièrement attentif à la bonne conduite de ce projet.
Je veillerai également au maintien des dispositifs de soutien aux projets d'accélération de l'innovation, dont les crédits sont en baisse cette année. Je pense notamment au dispositif Régime d'appui pour l'innovation duale, dit Rapid, ou au fonds Definvest.
Nous devrons vérifier la pertinence de nos dispositifs de soutien à la recherche stratégique française, pilotés par la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Il faudra pour ce faire dresser un bilan de la réforme de 2015 afin d'identifier comment soutenir davantage nos centres de recherche et think tanks.
Enfin, je réaffirme mon engagement en faveur du projet de fusion de l'École nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA) Paris et de l'ENSTA Bretagne. Je vous avais interrogé en commission sur le sujet, monsieur le ministre des armées, et je me réjouis que ce projet soit en bonne voie. Je le suivrai attentivement.
Au titre de la partie thématique de mon avis, cette année, j'ai choisi de m'intéresser à la présence militaire française à Djibouti. L'année 2024 sera charnière car la coopération de défense entre nos deux pays est encadrée par un traité qui expirera le 30 avril prochain. Je me suis rendu à Djibouti, où je me suis entretenu avec M. Dileita Mohamed Dileita, président de l'Assemblée nationale de Djibouti, avec le général de corps d'armée Zakaria Cheikh Ibrahim, chef d'état-major général des armées, ainsi qu'avec M. Mohamed Ali Hassan, secrétaire général du ministère chargé des affaires étrangères et de la coopération internationale.
J'ai mesuré l'importance de cette implantation pour nos armées, tant pour l'accès à la zone indo-pacifique que pour la sécurisation du trafic maritime en mer Rouge. Cette implantation revêt aussi une importance singulière pour la préparation opérationnelle de nos forces, Djibouti offrant des conditions d'aguerrissement uniques.
J'ai constaté l'excellence des relations entre les forces françaises stationnées à Djibouti et les forces armées djiboutiennes – leur excellence et leur caractère singulier car, contrairement aux autres États présents dans le pays, la France a pour mission de contribuer au maintien de l'intégrité territoriale de Djibouti, en application d'une clause de sécurité inscrite dans le traité.
Des négociations sont en cours pour le réviser. Au terme de mes travaux, je suis convaincu non seulement que les négociations aboutiront, mais également qu'elles ne seront fructueuses que si elles s'inscrivent dans un cadre plus vaste, qui dépasse les seuls enjeux militaires.
La France est présente à Djibouti de multiples manières, et seule une approche globale de la relation bilatérale permettra d'apprécier à sa juste valeur la teneur et la profondeur des liens qui nous unissent. Les actions civilo-militaires, l'aide au développement, la francophonie ou encore le développement économique sont autant de domaines dans lesquels la France doit s'investir davantage, en particulier auprès de la jeunesse djiboutienne.
Le budget du programme 144 est ambitieux et à la hauteur des défis qui nous attendent. Il en va de même pour les crédits de l'ensemble de la mission "Défense" , que je vous invite à adopter.