Le débat a été posé lors de l'examen de l'amendement précédent. Dans la mesure où celui-ci ne tend à allouer que 10 millions de moins, il pourra également être considéré comme irresponsable par les uns ou par les autres. Je tiens néanmoins à apporter quelques arguments complémentaires, étant entendu que comme le précédent, il s'agit d'un amendement d'appel et que nous nous rallierons aux amendements de repli n° 3552 et 1192 déposés par Sandrine Le Feur et Mathilde Hignet, qui visent à allouer respectivement 271 et 215 millions d'euros à la filière bio.
Monsieur le ministre, si nous prenions en compte non seulement le budget du ministère de l'agriculture, mais aussi les crédits alloués à la santé, aux collectivités locales et à l'eau potable, je vous assure que nous trouverions très facilement 900 millions d'euros et que cette somme serait d'une extrême rentabilité eu égard aux gains financiers qu'elle permettrait de réaliser, mais aussi en matière de prévention sanitaire et de dépollution de l'eau. C'est une question de volonté politique. Les crédits que nous proposons d'allouer à la filière bio n'entrent peut-être pas dans votre maquette budgétaire, j'en conviens, mais ils sont sensés.
Nous vivons un moment crucial. Selon les prévisions les plus pessimistes, nous pourrions assister à un recul des surfaces exploitées en bio : cette année, les déconversions pourraient pour la première fois être plus importantes que les conversions. De nombreux produits sont de nouveau issus de l'agriculture conventionnelle, ce qui ruine les efforts de nos agriculteurs.
La question que j'ai posée tout à l'heure au sujet de la PAC et de la répartition des aides n'était d'ailleurs pas innocente. Je suis en effet persuadé que si notre plan stratégique national avait fait le choix d'une juste répartition des aides, en tenant compte de l'effort environnemental et du nombre d'actifs par ferme, nous aurions eu largement de quoi fournir une aide au maintien pour les agriculteurs et les personnels agricoles, ce qui nous aurait permis de conserver ce qui est plus qu'un laboratoire : un modèle pour l'avenir et pour la transition agroécologique.