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Intervention de Matthias Tavel

Réunion du mercredi 14 septembre 2022 à 11h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMatthias Tavel :

Vous nous avez donné des éléments sur la manière dont vous envisagez que le parc nucléaire puisse passer l'hiver. Cependant, on constate, par exemple, pour le deuxième jeudi du mois de janvier, un manque de production de 8 MW. Ce chiffre correspond-il à ce qui sera produit par les réacteurs à nouveau en service à cette date ? En outre, nos voisins allemands, dans leurs stress-tests énergétiques, dressent un scénario du pire tablant sur seulement 41 MW de production nucléaire française les impactant personnellement. Disposez-vous également d'un scénario de ce type ? Le cas échéant, comment cela se traduirait-il si l'on atteignait ce niveau de production nucléaire en termes de nécessité, que vous nommez « effacement » et que je qualifierais pour ma part de coupures et de rationnements ? Y a-t-il en l'espèce une priorité effectivement accordée au marché français par EDF, le producteur que les Français ont payé avec leurs impôts ?

Vous dépeignez en outre une situation dans laquelle EDF a sa part de responsabilité. On ne peut oublier que, pendant des années, et encore très récemment, le retard sur le développement des énergies renouvelables était certes imputable aux gouvernements, mais aussi à votre entreprise, qui a beaucoup priorisé le nucléaire dans ses projets, y compris à l'étranger. Vous avez cité Hinkley Point. Ne pensez-vous pas, à l'instar de votre directeur financier de l'époque, que cet investissement à l'étranger était une mauvaise idée, et qu'il aurait été préférable d'y renoncer pour se consacrer plutôt au développement des énergies renouvelables en France ? Vous êtes également responsable du fait que, si l'on doit aujourd'hui relancer certaines centrales à charbon ou ne pas fermer celle de Cordemais, c'est parce qu'EDF a décidé, sur avis ou demande du Gouvernement, d'enterrer le projet de reconversion du site. Ne se trouve-t-on pas face à un défaut de visibilité ? Cette décision est-elle la vôtre ou a-t-elle été imposée par le Gouvernement ?

Enfin, vous affirmez que l'énergie nucléaire est essentielle pour atteindre les objectifs de cet hiver et, au-delà, des objectifs climatiques, mais permettez-nous d'en douter. La stratégie de relance du nucléaire repose essentiellement sur des EPR, dont aujourd'hui aucun ne fonctionne correctement et dont le seul en construction en France a dix ans de retard pour un coût de près de vingt milliards d'euros. Est-ce qu'à l'avenir, compter uniquement sur ce type de réacteur ne crée pas déjà les conditions de la pénurie, du black-out et de l'explosion des prix ?

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