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Intervention de Hélène Laporte

Réunion du mercredi 14 septembre 2022 à 11h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHélène Laporte :

Je pense qu'il nous faut vous reconnaître un réel mérite dans la gestion de la situation actuelle. En effet, l'exécutif vous laisse évoluer dans un manque complet de visibilité, dans le cadre de la loi Énergie et Climat de 2019 toujours en vigueur aujourd'hui, en prévoyant la fermeture de réacteurs, mais aussi en maintenant le dispositif fortement inéquitable qu'est l'Arenh, élément central du simulacre qu'est le marché concurrentiel de l'électricité que nous impose le droit européen et véritable poison pour le chiffre d'affaires d'EDF. Il me semble que nous serons tous d'accord pour saluer le travail des cadres, ingénieurs et techniciens d'EDF, et à ce mérite j'ajouterais celui de l'honnêteté de votre démarche, celle de pointer du doigt certaines incohérences du politique qui, indépendamment des circonstances particulières liées à la pandémie, à la crise gazière et aux défauts récemment découverts sur certains réacteurs, soumettent notre système de production électrique à la tension que nous connaissons.

Le sujet qui nous préoccupe aujourd'hui est de savoir dans quelle mesure notre appareil de production électrique sera capable de faire face à l'hiver à venir. Tout d'abord, les derniers mois ont été marqués par la découverte du problème de corrosion sous contrainte qui, pour des exigences de sécurité, a considérablement ralenti le redémarrage des réacteurs. Vous avez certes abordé ce thème, mais j'aimerais que nous nous intéressions plus précisément, pour les années suivantes, au procédé de contrôle par ultrasons que vous mettez en place. Permettra-t-il d'éviter de nouveaux arrêts ? Je voudrais aussi revenir sur le problème de la fermeture de Fessenheim, imposée pour des motifs purement politiques, et dont l'exécutif a dernièrement voulu vous faire porter une partie de la responsabilité en invoquant un défaut d'entretien pendant les dernières années d'activité de la centrale. Vous avez fait savoir à plusieurs reprises que vous regrettiez cette décision que l'on vous imposait. Ma question est double : d'une part, comment l'exécutif a-t-il répondu aux réserves que vous lui aviez opposées avant la mise à l'arrêt ? D'autre part, considérez-vous la perte de ce moyen de production comme techniquement irréversible indépendamment des décisions politiques à venir ? Le même questionnement peut être étendu à d'autres moyens de production pilotables. Depuis que vous avez pris vos fonctions à la tête d'EDF, près de huit GW de centrales à charbon et au fioul ont été arrêtés en France métropolitaine, dans un objectif tout à fait louable de baisse de la part des fossiles dans le mix électrique. Cependant, dans le même temps, aucun réacteur nucléaire n'est entré en service et le déploiement de gaz a été limité. Les dernières années ont donc vu un déclin de nos sources pilotables d'électricité au profit des ressources intermittentes éoliennes et solaires. Les gouvernements successifs de la période ont-ils mesuré le risque de cette orientation pour la stabilité de notre réseau ? Estimez-vous que certaines de ces centrales thermiques sont techniquement re-démarrables, à l'image de celle de Saint-Avold, dont les salariés ont été rappelés cet été alors que la fermeture définitive était actée ? Pour terminer, concernant la consommation, se pose le problème des capacités d'effacement. Quatre experts de la question affirmaient le 15 juillet dernier dans Le Monde qu'elles sont passées entre le début des années 2000 et aujourd'hui de 10 MW à seulement 3,6, les particuliers s'étant largement détournés des contrats d'effacement tarifaire, particulièrement utiles lors des pics de consommation.

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