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Intervention de Dominique Potier

Réunion du mercredi 14 septembre 2022 à 9h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

C'est en 1790 que les constituants déclarent que les eaux et forêts doivent être protégées par la nation – et non l'État. C'est un acte fondateur de la Révolution française. À l'heure de l'anthropocène, on peut s'étonner que, depuis 2000, les législateurs et les exécutifs qui se sont succédé n'aient pas trouvé mieux pour gérer ce commun écologique que de diminuer les effectifs de l'ONF de 13 000 à 8 000 agents forestiers.

La forêt brûle, et elle brûle dix fois plus qu'au cours des dernières décennies. Au-delà de ces incendies, visibles, la forêt dépérit. Chacun en constate les effets catastrophiques : effondrement de la biodiversité, de la couverture forestière, conséquences pour la protection des eaux et notre bilan carbone.

Sous la précédente législature, dans un rapport remis au Gouvernement, Anne-Laure Cattelot, issue de la majorité, demandait un renforcement des effectifs de l'ONF. Vous avez fait le contraire, alors que nous avions voté, parfois la nuit ou au petit matin, ce réarmement, vital. Vous faites partie des opérateurs de la « maltraitance institutionnelle ». Peut-on, à effectif constant et gouvernance identique, maintenir le lien avec les territoires, quand les agents sont débordés et incapables d'entretenir le dialogue indispensable avec les maires et les intercommunalités ?

Comment gérer la défense des forêts contre l'incendie (DFCI), qui relève certes de l'État, mais dont l'ONF est seul opérateur pertinent ? À effectifs constants, comment engager les travaux de sylviculture indispensables à la lutte contre le dépérissement et à la recherche de peuplements plus diversifiés ? Il n'y a pas d'offre privée concurrente : soit le secteur public fait, soit on ne fait pas puisqu'il n'y a plus d'entreprises compétentes.

À l'heure où le risque d'effondrement écologique est universel, quelles coopérations sont envisageables entre le génie français de l'ONF, des eaux et forêts, mais aussi celui d'AgroParisTech et de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAe) afin d'apporter un concours à la recherche européenne et mondiale en la matière ?

Enfin, depuis quelques années, pour la première transformation du bois, l'Office est plus que bégayant quant aux instruments de traçabilité et d'organisation de l'industrie. Il s'est exposé aux vents mauvais de la mondialisation alors que nous aurions dû reterritorialiser les filières.

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