Cette posture masque une absence totale de réponse aux besoins en matière de santé et de retraite, de petite enfance ou encore d'autonomie ! Pas de grand plan pour sauver l'hôpital public, pour y garder les médecins et éviter leur fuite vers le privé, et pour considérer correctement les patients ! Rien non plus sur la lutte contre les déserts médicaux et pour le remplacement des médecins qui partent à la retraite, alors que trouver un médecin traitant devient une loterie en fonction de l'endroit où l'on habite. Pas de lutte non plus contre la fraude aux cotisations sociales… pourtant une de celles les moins traquées.
Mais pire encore, ce budget acte le recul des droits sociaux. Après les chômeurs, après les travailleurs âgés attendant leur retraite et après les bénéficiaires du RSA, voici que vous vous en prenez aux malades. Vous remettez en cause ni plus ni moins que le droit à l'arrêt maladie, puisque le versement des indemnités journalières pourra être automatiquement et immédiatement suspendu après un rapport du médecin contrôleur jugeant un arrêt de travail injustifié ! Ce budget, c'est aussi l'impossibilité de prolonger un arrêt de travail par téléconsultation – ce serait trop simple si les gens éloignés de leur médecin traitant ou souffrant d'une affection longue durée pouvaient le faire…
Ce budget consiste aussi renflouer les caisses de la sécu en traquant les médecins qui prescriraient plus d'arrêts maladie que leurs collègues, uniquement à partir d'une base statistique, sans tenir compte des caractéristiques de leur patientèle.
Vous n'aimez pas perdre, disais-je. Vous n'aimez pas davantage les vulnérables et vous comptez les discipliner, au pas cadencé : allocations chômage réduites, retraite à 64 ans, suppression arbitraire du RSA… et maintenant, traque des malades ! Il faut produire, produire encore et encore, que vous soyez boiteux, vieux, malade ou mère isolée, peu importe : le capital vous réclame !
Rappelons tout de même que les fraudeurs ne sont pas là où vous les voyez : le montant de la fraude fiscale atteindrait entre 80 milliards et 100 milliards d'euros, dix fois supérieure à la fraude – patronale – aux cotisations sociales, évaluée entre 7 milliards et 8 milliards, et près de cinquante fois supérieure à la fraude aux prestations sociales estimée à 2,3 milliards. À quand le même acharnement, la même traque, pour la fraude fiscale ou pour les entreprises polluantes ? Les seules options que vous connaissez, ce sont les restrictions budgétaires ou les contraintes sur les plus pauvres.
Le ministre de la santé Aurélien Rousseau a déclaré qu'il fallait instaurer un nouveau rapport au médicament, qui n'est pas un bien de consommation comme les autres… pour parler de leur déremboursement. Nous pourrions dire quasiment la même chose, mais avec une finalité différente, à propos de la santé : il faut instaurer un nouveau rapport à la santé, qui n'est pas un bien de consommation comme les autres. Cela nécessiterait évidemment de revenir sur le libéralisme, d'avoir un regard critique sur le productivisme. Mais dussions-nous détruire le moindre centimètre carré de notre planète que vous et les vôtres ne seriez toujours pas prêts à perdre !
Pas de retraite sur une planète brûlée ! Pas de santé sur une planète effondrée ! Pas de démocratie dans un hémicycle muet !