En attendant le 49.3, nous examinons le budget de la justice pour 2024. Je le dis d'emblée : notre mission ne consiste pas à enregistrer des hausses, mais à évaluer les arbitrages budgétaires qui nous sont proposés, en les rapportant aux besoins du service public de la justice. C'est donc l'état actuel des choses qu'il faut avoir à l'esprit.
La justice française est en crise depuis longtemps ; cette crise est profonde et tout le monde en souffre. On se souvient du suicide d'une jeune magistrate, qui sonna l'alarme. Elle venait d'embrasser la magistrature et se heurtait, violemment, à ses conditions d'exercice : une justice de l'abattage, qui n'écoute pas, qui chronomètre, avec un ministère incapable de faire respecter le droit européen ou la décence en matière de temps de travail.
Depuis la « tribune des 3 000 », la souffrance éthique des magistrats n'est plus un tabou. La cause de ce surmenage n'est un secret pour personne : on compte seulement 9 000 magistrats en France, alors qu'il en faudrait 22 000 pour atteindre les standards européens.