Aujourd'hui, nous assistons à une augmentation de la population d'agriculteurs non issus de l'exploitation familiale qui s'installent. Les reprises familiales d'exploitations sont également courantes. Comment ces jeunes agriculteurs envisagent-ils l'agriculture de demain ? Ils cherchent à mener une vie équilibrée, à avoir des enfants, du temps pour leur famille, des vacances et des week-ends. Ils ne veulent pas travailler quatre-vingts heures par semaine, ni passer leur temps sur le pulvérisateur. Ils aspirent également à gagner leur vie de manière satisfaisante, car travailler pour la gloire et n'avoir que 1 000 ou 1 200 euros à la fin du mois n'est plus envisageable de nos jours. Pour ma part, je ne veux pas m'engager dans l'agriculture pour gagner seulement 1 000 ou 1 200 euros, sans pouvoir profiter de la vie en famille, sortir ou vivre comme tout le monde. Les agriculteurs ont aussi l'ambition de gagner de l'argent, tout comme d'autres professionnels ou chefs d'entreprise.
Dans notre rapport d'orientation de cette année, nous avons abordé l'idée d'un outil de diagnostic de gestion des risques, notamment lors de l'installation d'un jeune agriculteur. Pourquoi ne demanderions-nous pas aux jeunes de prévoir les impacts du changement climatique sur leurs exploitations sur cinq, dix, quinze ou vingt ans ? Nous constatons des changements dans les précipitations, mais comment les jeunes agriculteurs peuvent-ils anticiper, gérer l'eau, adapter leurs modèles de production, voire choisir d'autres cultures ?
Nous nous posons aussi la question de l'intégration de la réduction des produits phytosanitaires et de l'évolution des normes dans notre outil. Comment les jeunes agriculteurs qui s'installent aujourd'hui peuvent-ils anticiper leur sortie des produits phytosanitaires ? Nous pourrions les accompagner en leur fournissant des fonds, de l'assistance, des formations, notamment à travers les fermes Dephy ou avec d'autres conseillers.
Jeunes agriculteurs souhaite pour sa part garantir une alimentation saine pour tous, avec ou sans produits phytosanitaires. S'il était possible de consommer uniquement des produits 100 % français, tout le monde bénéficierait d'une alimentation saine. La Confédération paysanne était même d'accord sur l'importance de lutter contre les importations massives en France, que ce soit en provenance d'Ukraine, du Brésil, d'Australie ou d'ailleurs, où les produits importés ne respectent pas le cahier des charges français. Si nous pouvons résoudre ce problème, nous pourrons encore nous améliorer.