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Intervention de Rima Abdul Malak

Réunion du mercredi 25 octobre 2023 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rima Abdul Malak, ministre :

Nous sommes aux côtés des bibliothèques, qu'elles soient nationales, départementales ou municipales. L'extension des horaires d'ouverture a été un axe important du précédent quinquennat ; de quelque 900 bibliothèques concernées aujourd'hui, nous arriverons sans doute à un millier à la fin de l'année. Nous continuons de travailler avec les établissements pour les aider à rester ouverts plus longtemps. La médiathèque de Rillieux-la-Pape, où je me suis rendue, a ainsi pu augmenter ses horaires d'ouverture de près de dix heures par semaine. L'Échappée – c'est son nom – a subi des dégradations pendant les émeutes ; dès le lendemain, les agents et la population se sont mobilisés pour que la bibliothèque soit rouverte. Des dessins et des messages avaient été affichés, disant l'attachement de chacun à ce lieu. Sur l'un d'eux, on pouvait lire : « Ne touchez pas à L'Échappée, elle nous fait rêver ! ». Cela montre l'attachement de nos concitoyens à ces lieux de proximité que sont les 16 000 bibliothèques et points de lecture de notre territoire.

Le projet de budget pour 2024 propose des mesures nouvelles pour les bibliothèques départementales. L'acquisition et le portage de livres pour les plus petites d'entre elles s'en trouveront facilités, puisque ces bibliothèques fonctionnent en réseau.

Deux dispositifs très importants pour la petite enfance, « Premières pages » et « Des livres à soi », seront déployés pour donner le goût de la lecture dès le plus jeune âge. L'opération « Jeunes en librairie », qui intervient en complément du pass culture et s'inscrit dans la durée, se poursuivra.

Des résidences d'auteurs continueront d'être développées, avec le Centre national du livre, dans les Ehpad, les prisons, les hôpitaux et dans les colonies de vacances. Nous disposons pour cela d'un budget supplémentaire de 700 000 euros – celui de l'année dernière était déjà en hausse.

Un effort particulier sera consenti pour aider les collectivités d'outre-mer à mettre en œuvre l'extension des horaires d'ouverture et à recruter des cadres pour leurs bibliothèques.

Je suis un peu surprise par vos propos, monsieur Portier. Vous et moi sommes d'accord sur l'importance de ces formations musicales, dont certaines transmettent une tradition vieille de cent cinquante ans. Le plan Fanfare a été élaboré sous le précédent quinquennat, à l'initiative d'une députée du groupe Renaissance ; nous l'avons, depuis, pérennisé, étendu et doublé. Depuis trois ans, 934 harmonies et fanfares ont été aidées sur tout le territoire, dont plus de la moitié en zone rurale. En quoi n'avons-nous pas respecté le Parlement ? Les critères ont été discutés avec les fédérations de ces harmonies musicales. Je les ai rencontrées à plusieurs reprises et me suis déplacée dans plusieurs villes du Nord ; j'ai pu y voir des fanfares à l'œuvre et discuter avec leurs représentants. Leurs demandes portaient beaucoup sur la formation, sur la diffusion et sur l'invitation de compositeurs contemporains pour renouveler leur répertoire. Ces souhaits ont été pris en compte. Je me souviens de vos courriers et questions écrites, auxquels j'ai répondu notamment dans le cadre des questions au Gouvernement. Réjouissons-nous de ce plan, qui se développe et porte ses fruits. Il n'y a pas de polémique à avoir : nous sommes tous d'accord.

Dans le même esprit, je suis également d'accord avec les propositions qui concernent le patrimoine culturel immatériel (PCI) au sens large – la musique, la danse ou les jeux participent tous à la richesse de notre pays. Notre inventaire national compte 146 pratiques ludiques traditionnelles et 54 pratiques musicales et dansées. Nous avons, par exemple, inscrit le Gwo Ka, originaire de Guadeloupe, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Ce sont des pratiques vivantes, qui attirent encore la jeunesse et je suis favorable à toutes les initiatives en leur faveur.

Monsieur Minot, il n'y a aucun blocage dans le processus de nomination du conseil professionnel du CNM. L'arrêté sera pris dans les temps et le prochain conseil professionnel se réunira le 30 novembre 2023.

Vous avez été nombreux à intervenir au sujet de nos écoles d'art et d'architecture. S'agissant des écoles d'architecture, le budget est en hausse de plus de 25 %. Les chiffres ne signifient peut-être pas grand-chose pour certains d'entre vous, mais ils sont pourtant synonymes de hausses de rémunération pour les contractuels, de postes créés, d'investissements pour des travaux et des équipements ou encore d'accompagnements de projets pédagogiques. C'est un soutien concret, sonnant et trébuchant, pour ces écoles.

Quant aux écoles d'art territoriales, je me permets de rappeler qu'elles ont été créées par les collectivités. Pendant très longtemps, elles ont été gérées en régie municipale, l'État n'intervenant historiquement dans leur financement qu'à hauteur de 9 % ou 10 %. Ces écoles sont devenues des établissements publics de coopération culturelle (EPCC) vers 2010-2012. Évidemment, lorsque les collectivités se retirent – à Valenciennes, c'est la ville qui a réduit ses financements –, cela pose des problèmes. On ne peut pas en attribuer l'origine à une baisse du budget de l'État. Que celui-ci ne soit pas suffisant, je veux bien l'entendre, mais l'État ne s'est à aucun moment désengagé. C'est même tout le contraire : j'ai débloqué l'année dernière, en urgence, des crédits qui sont maintenant inscrits en base ; nous accordons des aides en investissement ; j'ai missionné Pierre Oudart pour qu'il nous fasse des propositions ; nous nous appuyons sur les évaluations du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERES) pour regarder comment fournir un renfort à certaines écoles sur les trois prochaines années. Mais tout cela doit faire l'objet d'un dialogue avec les collectivités.

Merci, madame Brugnera, d'avoir évoqué les festivals. Nous en avons pérennisé et sanctuarisé le fonds de soutien ; il s'élève à 30 millions d'euros dans le budget 2024. Ce fonds permet de déployer, aux côtés des collectivités, une vraie politique de soutien aux festivals de toute sorte, qui sont une des richesses françaises, l'été en particulier. S'y ajoutent les aides du CNM et, dans le cadre de notre accompagnement de la transition écologique et du plan Mieux produire, mieux diffuser, pourront être envisagées des actions d'accompagnement de la décarbonation de la culture.

À cet égard, en plus du budget que nous examinons ce matin, j'ai obtenu 40 millions d'euros sur les fonds verts interministériels. Ces crédits sont destinés à financer des travaux d'amélioration des performances énergétiques des bâtiments appartenant à l'État ou aux collectivités locales ainsi que des structures labellisées du ministère de la Culture, que ce soient les scènes nationales, les Smac ou encore les centres d'art. Nous avons également lancé, dans le cadre de France 2030, Alternatives vertes, un programme de soutien à l'innovation en matière de transition écologique. Nous accompagnons, par exemple, des opéras qui se sont regroupés pour recycler les décors, ou encore une entreprise qui travaille à la mise au point d'un système de chauffage pour les manifestations sous chapiteau. Tous ces travaux et innovations en faveur de la performance énergétique permettront de réduire la consommation d'énergie et, partant, de faire baisser les coûts de fonctionnement.

S'agissant, enfin, des pertes résultant des évacuations décidées à la suite des alertes à la bombe répétées dont le château de Versailles a été la cible, nous en verrons l'ampleur le moment venu ainsi que la façon d'y répondre. Pour l'heure, nous nous concentrons sur le renforcement de la sécurité. Le musée du Louvre a également dû être évacué en raison d'une telle alerte. Nous avons demandé à tous nos établissements culturels de renforcer la fouille des sacs et la vigilance, y compris aux abords des monuments. Les dispositifs de sécurité fonctionnent, les alertes sont prises très au sérieux. Nous sommes en contact permanent avec les préfectures pour continuer à recevoir le public, dans les meilleures conditions possible, surtout en cette période de vacances de la Toussaint. Les visiteurs doivent être rassurés pour ne pas avoir à renoncer aux magnifiques expositions qui les attendent dans ces lieux.

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