Vous êtes nombreuses et nombreux à avoir questionné le pass culture. Je reste persuadée qu'il s'agit d'un outil d'engagement de la jeunesse et pas du tout un outil de consommation. Le rapport à la culture passe, certes, par l'achat d'un livre, d'une place de concert ou de spectacle. En ce sens, il s'agit effectivement d'un acte de consommation, mais dont l'objet est surtout la découverte d'une émotion, d'une expérience qui peut changer une vie et ouvrir des horizons. Le pass culture participe aussi à réaffirmer nos valeurs républicaines et à en imprégner la jeunesse pour qu'à son tour, elle les assume et les développe. De plus en plus, il est un outil d'engagement et de participation de la jeunesse.
La part collective du pass permet d'engager la classe, grâce à un budget de 25 euros par élève et par an ; il peut être utilisé pour organiser des sorties ou inviter des artistes ou des auteurs à intervenir en classe. La part individuelle est assortie d'un encadrement incarné par les ambassadeurs du pass culture. Ce sont 400 jeunes, répartis sur l'ensemble du territoire, qui partagent leurs expériences, conseillent, proposent et font évoluer l'outil. À leur intention, nous avons développé des parcours pour leur permettre notamment de découvrir des métiers de la culture. Dans le cadre du plan « métiers d'art », nous avons ainsi proposé 700 activités, aussi bien des visites d'ateliers d'artisans, que des expériences très concrètes, comme le travail du bois, de la céramique, entre autres, qui ont eu un succès fou.
Le pass culture ne se réduit pas à un acte d'achat, c'est la découverte de tout ce que la culture peut apporter dans notre pays. Les récents rapports confirment cette évolution et montrent que les obstacles à l'accès à la culture ont réellement été levés. Selon plusieurs sondages, 60 % des jeunes disent avoir fait de nouvelles activités qu'ils n'auraient pas essayées sans le pass culture ; plus de 50 % d'entre eux reconnaissent que leurs goûts culturels ont évolué et se sont diversifiés. J'organiserai, un jour, une rencontre avec ces jeunes pour que vous puissiez les écouter : ce sont eux qui parlent le mieux de leurs expériences ; quelles que soient mes explications, elles ont moins de poids que leurs propres mots.
Le patrimoine, j'aime à le répéter, est une priorité majeure depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Cette priorité se concrétise par l'augmentation de plus de 40 % du budget depuis 2017, par le loto du patrimoine et par un plan de relance pour soutenir tous les monuments sur le territoire, en particulier les cathédrales, auxquelles 80 millions d'euros sont consacrés. Depuis 2004, le ministère de la Culture a la charge des monuments historiques, mais pas celle du patrimoine non protégé. Cependant, considérant les difficultés des petites communes à en assumer la restauration, le Président de la République nous a demandé, à Gérald Darmanin et à moi, de faire un effort supplémentaire, notamment pour ce qui est du patrimoine religieux. C'est ainsi qu'il a annoncé, lors des dernières Journées du patrimoine, le lancement d'une campagne de classement, pour que notamment des églises des XIXe et XXe siècles puissent être protégées au titre des monuments historiques. Cela leur ouvrira l'accès aux subventions du ministère de la Culture ainsi qu'aux crédits de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) et de la dotation de soutien à l'investissement local (DSIL), qui pourront être mobilisés par les préfets.
Le patrimoine non protégé bénéficiera également de la collecte mentionnée par Jérémie Patrier-Leitus, qui a déjà atteint 650 000 euros en quelques semaines. Le fait que la déduction fiscale qui lui est applicable soit au même niveau que celui retenu pour la restauration de Notre-Dame de Paris montre l'importance de ce patrimoine, de tous les cultes, dans les communes de moins de 10 000 habitants dans l'Hexagone et de moins de 20 000 habitants en Outre-mer. Avant que ce sujet suscite quelque fantasme, je précise que cette déduction fiscale concerne les dons de moins de 1 000 euros. En revanche, au vu de l'ampleur des besoins du petit patrimoine, je ne pense pas que l'État puisse s'occuper d'autres cathédrales que les quatre-vingt-sept qu'il a à sa charge.
Merci, madame la rapporteure pour avis, d'avoir mentionné l'Inrap et l'importance de ses missions. Nous soutenons cet établissement un peu plus chaque année. Pour 2024, un effort particulier a été consenti pour financer les revalorisations salariales des agents et compenser l'inflation, à des hauteurs respectives de près de 3 millions et de 1,8 million d'euros.
Au sein de la hausse globale de 6 % que je vous ai annoncée, 75 millions d'euros environ sont prévus pour compenser l'inflation – ce montant a été calculé sur l'estimation de l'Insee au moment de la négociation du budget, qui était de 2,5 % pour 2024. Les aides déjà intervenues en 2023 pour compenser l'augmentation des coûts pour les structures culturelles seront donc poursuivies en 2024. Toutefois, j'ai surtout insisté, dans ce budget, sur la refonte nécessaire des logiques de création et de diffusion, avec l'idée de desserrer, d'alléger le rythme de création. Une compagnie ne doit pas être obligée de créer tous les ans un nouveau spectacle, qui n'aura pas le temps d'être joué, de vivre et de rencontrer son public. Rallonger les temps de diffusion, c'est également s'inscrire dans une logique écoresponsable, et d'avoir des tournées plus raisonnées, qui n'aient plus à traverser la France en tous sens entre deux dates de représentation. C'est tout le sens du travail qui est mené dans le cadre du plan Mieux produire, mieux diffuser, qui m'importe beaucoup.
Le réseau des Smac, avec quatre-vingt-douze structures, fait en effet un travail essentiel à destination des amateurs, en mettant à disposition des studios et en soutenant les pratiques musicales amateurs. C'est le seul réseau à le faire. Plus on pratique la musique en amateur, plus on écoute de la musique, plus on favorise la vitalité et la diversité musicale de notre pays. Nous avons conscience des difficultés auxquelles les Smac sont confrontées, mais un rebasage unique pour toutes n'est pas envisageable. Nous étudions, au cas par cas, les moyens d'accompagner – avec le budget inflation, avec le plan Mieux produire, mieux diffuser – ces scènes qui assurent un vrai maillage du territoire, en milieu rural comme en milieu urbain.
J'ai bien noté la teneur des autres interventions, qu'il s'agisse de l'audiovisuel, de l'éducation aux médias, de la place de la culture dans les territoires et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou encore des écoles d'art. Les prochaines questions me fourniront certainement l'occasion d'y répondre.