« Il est normal que la jeunesse ait du mal à se loger » ; « peu importe que les jeunes galèrent de stages en apprentissages peu payés, mal considérés et pas protégés par le droit du travail et les cotisations » ; « les jeunes doivent courber l'échine et renoncer à leurs rêves à cause de Parcoursup » ; « il faut bien que jeunesse se passe » : je vois dans ces formules une forme de bizutage social. Obliger la jeunesse à faire son service militaire au seul prétexte qu'on l'aurait soi-même accompli relève tout autant d'un bizutage social – il s'agit même d'hypocrisie lorsque c'est la droite qui n'a pas fait son service militaire qui le dit.
Le SNU, personne n'en veut : ni la jeunesse ni l'armée – étant membre de la commission de la défense, je peux vous le certifier ! En effet, le SNU n'a aucun sens eu égard au format de nos armées et aux menaces qui pèsent sur notre pays aujourd'hui ; l'armée y voit même une perte de temps et un lourd poids qui pèse sur ses crédits.
Pour notre part, nous vous proposons une vision alternative, fondée sur l'émancipation et l'autonomie réelle, que viendrait notamment traduire l'allocation d'autonomie proposée par les présidents d'université. Or vous l'avez refusée ! Commençons par un soutien franc, massif et complet au service civique, avec une indemnisation et une valorisation réelles. L'engagement ne se décrète pas, il se construit ; c'est un chemin personnel. D'ailleurs, la jeunesse ne vous a pas attendus : la moitié des jeunes s'engage déjà dans des associations, des collectifs et du bénévolat. Valorisons aussi les vacances et l'éducation populaire, que mon collègue Delaporte a évoquées tout à l'heure.
N'oublions pas non plus les transports : les jeunes doivent pouvoir se déplacer librement grâce à un ticket climat et un passe européen pour le rail – ce sont des propositions que nous formulons dans un amendement construit avec Greenpeace. Nous pensons qu'il convient de mieux taxer les jets privés et les transports très polluants pour financer ce passe qui serait attribué à chaque jeune de 18 ans : voilà qui leur permettrait de découvrir le monde.
C'est vraiment terrible de voir que le Président – élu le plus jeune dans l'histoire du pays, il voulait proposer une vision moderne et parlait de la jeunesse comme d'un investissement dans l'avenir – finit par nous proposer toujours les mêmes rengaines. Mon collègue Raux l'a dit : le SNU est un caprice qui nous coûtera très cher, une lubie dont personne ne veut. Pendant ce temps-là, les urgences s'accumulent et notre jeunesse voit son horizon s'obscurcir.
Le président Mitterrand disait qu'un pays qui maltraite sa jeunesse a toujours tort. Avec le 49.3, vous aurez institutionnellement raison ; néanmoins, vous avez tort !