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Intervention de Arthur Delaporte

Séance en hémicycle du vendredi 3 novembre 2023 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2024 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArthur Delaporte :

Un chiffre : 0,18 %. Voilà la part de l'effort financier de l'État en faveur du sport dans notre pays, l'année des JOP et au lendemain de la Coupe du monde de rugby. Et le Gouvernement en ponctionne 90 millions d'euros au lieu de sanctuariser le budget de ce ministère !

Il est sûr que ce n'est pas en créant un paradis fiscal pour la Fifa, une institution pourtant déjà bien lotie, que vous allez améliorer les choses, chers collègues de la majorité ! Votre amendement Fifa est certainement le plus tragicomique de ce budget puisque, selon son exposé sommaire, il vise à garantir aux fédérations internationales « un cadre fiscal adapté et pérenne pour leurs activités de gouvernance du sport et de promotion de la pratique sportive, qui sont exercées hors du champ concurrentiel ou marchand ». La Fifa hors du champ concurrentiel ou marchand, il fallait oser ! Quand sur Google on recherche des informations sur le budget de la Fifa, on constate qu'elle table sur 4,5 milliards d'augmentation de recettes. À côté des quelques millions d'augmentation prévus ponctuellement pour les associations sportives, on ne peut qu'être surpris.

Quel message voulez-vous envoyer aux associations de nos circonscriptions, sachant qu'elles se battent avec leurs faibles moyens, avec de l'huile de coude, avec la volonté de leurs bénévoles et de leurs adhérents qui, toutes les semaines, tissent le lien dans nos territoires ? Je pourrais, par exemple, citer le cas du club de football Argences-Moult-Bellengreville, dont les locaux sont absolument vétustes, les enfants ayant droit à des vestiaires mal isolés et qui sentent l'humidité, alors qu'il suffirait de les rénover. Certes, il y a des millions de bénévoles en France, mais c'est uniquement grâce à leur engagement et à leur volonté que chaque semaine, y compris le dimanche, les jeunes peuvent encore avoir une activité sportive qui participe à leur émancipation.

La démocratisation du sport devrait être notre boussole. Comment expliquer que seulement 30 % des écoles aient introduit les trente minutes d'activité physique supplémentaires par jour ? Comment expliquer que les enquêtes qui se succèdent, année après année, sur la sédentarisation des étudiants n'aient pas donné lieu à une réponse ambitieuse ? Tout est affaire de choix politique. Ce choix doit être celui en faveur de la jeunesse, des politiques publiques de jeunesse, et il doit être clair.

À la place, ce budget signe la montée en puissance démesurée du service national universel qui gagne encore en crédits, alors même que ce dispositif coûteux n'a pas fait ses preuves, contrairement à l'éducation populaire, celle de Léo Lagrange en 1936 ou encore celle du ministère du temps libre – c'était une autre époque. Ce choix de la militarisation de la société à travers le SNU plutôt que celui de l'émancipation, il faudra l'assumer, de même que le choix de diminuer les crédits du pass'sport, qui pourrait être un bel outil de santé publique. Savez-vous que, dans le Calvados, plusieurs centres de vacances devront fermer, faute de moyens pour procéder aux rénovations coûteuses, notamment de mise aux normes ? Forcément, j'ai du mal à accepter de tels choix alors que nous pourrions investir massivement pour ces centres de vacances et pour soutenir les associations d'éducation populaire. J'ai visité, avec Soumya Bourouaha ici présente, l'union normande des centres maritimes et touristiques (UNCMT) dans le Calvados, et nous avons constaté que ses adhérents font un travail formidable – vous le subodorez, madame la secrétaire d'État, pour vous être rendue dans le département cet été. Soyons à leurs côtés !

Ce choix pour l'éducation populaire, c'était le sens de la proposition de loi dont François Ruffin, Soumya Bourouaha, Marie-Charlotte Garin, Benjamin Lucas et Fatiha Keloua Hachi étaient les initiateurs : elle portait l'idée d'un budget alternatif, loin de l'idéologie que vous voulez imposer, un budget donnant aux équipes les moyens nécessaires, suscitant l'engagement à travers le Bafa – brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur – et intégrant les valeurs environnementales dans les politiques de la jeunesse. Le choix gouvernemental depuis 2017 est, au contraire, de faire stagner le budget dédié à la vie associative de notre pays malgré l'inflation, le contexte post-covid et les difficultés que nous connaissons tous.

« Sport, jeunesse et vie associative », voilà de bonnes paroles… Mais pas toujours. Nous sommes, au groupe Socialistes et apparentés, pour le moins crispés quand la ministre des sports annonce que les étudiants sont fiers de prêter leur logement pendant deux petits mois d'été pour les Jeux olympiques. Quelle image donne le Gouvernement de ses choix en matière sportive et pour la jeunesse, alors que se loger est devenu quasiment inaccessible ? Mon intention n'est pas forcément de railler les propos que vous avez tenus, madame la ministre,…

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