Sport, jeunesse et vie associative : l'intitulé de la mission reflète à lui seul trois composantes essentielles de notre cohésion nationale. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons nous donner les moyens de cette cohésion, fortement malmenée depuis des années.
Madame la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, je tiens à vous réitérer mon soutien après vos récentes prises de position sur les comportements inacceptables dans les stades et dans le sport en général. Sachez que vous pouvez compter sur l'appui de tous les députés du groupe Les Républicains dans la lutte inflexible contre toutes les discriminations quelles qu'elles soient. Je me permets de reprendre vos mots lors de la récente conférence de presse sur le bilan de la Coupe de monde de rugby : il y en marre de « ces abrutis qui gâchent la fête ! »
Les Jeux olympiques et paralympiques auront lieu dans moins d'un an. Le sport est au cœur de l'actualité et nous offre l'occasion de nous rassembler, Français de tous horizons, autour d'un projet commun. Comme rarement dans son histoire, la France est aujourd'hui fracturée ; sa jeunesse, en quête de sens et en perte de repères. Les citoyens ont soif de fierté nationale et d'engagement. Face à ce constat, nous nous attendions à un budget 2024 particulièrement musclé pour la mission "Sport, jeunesse et vie associative, " dont les enjeux appellent un effort budgétaire sans précédent. Nous y croyions, mais nous avons été déçus.
Certes, tous les crédits de la mission sont en hausse, à l'exception de ceux alloués aux Jeux olympiques et paralympiques, dont la baisse s'explique par le calendrier des chantiers engagés. Le groupe Les Républicains se réjouit de l'imminence de cet événement. En tant que coprésident du groupe de travail de l'Assemblée nationale chargé du suivi de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, je peux vous assurer de la mobilisation des parlementaires et de leur vigilance pour que les Jeux soient une pleine réussite.
Cependant, cette augmentation des crédits alloués au sport doit être relativisée compte tenu de l'inflation. En outre, ce budget démontre une fois encore la disparition du ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, ainsi que le transfert toujours plus important de la politique sportive à l'Agence nationale du sport (ANS), dont les crédits sont en augmentation. Le groupe Les Républicains a toujours dénoncé cette politique par laquelle l'État se dessaisit du sujet pour devenir un simple financeur. Rappelons que la Cour des comptes a souligné, en juillet 2022, la nécessité d'interroger le fonctionnement de l'ANS. Lors de l'examen de la mission en commission, vous n'avez pas souhaité répondre sur ce sujet, madame la ministre. Pourtant, il faut cesser de se voiler la face : de PLF en PLF, le ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, pour lequel j'ai beaucoup de respect – je salue le travail accompli par ses équipes dans le cadre de la préparation des JOP –, devient une coquille vide.
Les crédits du programme 163, Jeunesse et vie associative, connaissent une nouvelle augmentation de 20 millions au bénéfice du SNU et des colonies apprenantes, nouveauté de ce projet de budget. Comme chaque année, le groupe LR regrette le manque de moyens attribués aux associations, notamment dans le cadre du FDVA et de ses 33 millions. Ce dispositif est largement sous-paramétré par rapport à l'ancienne réserve parlementaire, qui représentait un montant de subventions estimé à 51 millions et bénéficiait à 1 670 associations sportives locales et à 2 236 associations culturelles – nous sommes loin du compte !
Le groupe Les Républicains est plus que réservé sur ce projet de budget, pourtant en augmentation. Le transfert de la politique sportive vers l'ANS et le manque de moyens criant de nos associations ne me permet pas de voter, au nom de mon groupe, en sa faveur.
Nous nous interrogeons également sur le message envoyé par le Gouvernement aux sportifs français préparant les JOP. En effet, les appels à l'aide de sportifs se multiplient, à travers notamment la création de cagnottes en ligne, voire la vente de biens personnels – leur propre voiture ou leurs propres meubles – pour financer leur rêve de participer aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Madame la ministre, après la déroute aux Mondiaux d'athlétisme de Budapest cet été, vous avez convoqué les dirigeants de la Fédération française d'athlétisme, mais peut-être les réponses se trouvent-elle dans un accompagnement renforcé de nos athlètes. Que répondez-vous, vous l'ancienne sportive, à ces athlètes féminines qui ont lancé des cagnottes en ligne, comme la sauteuse en longueur Angelica Berriot, la sprinteuse Wided Atatou ou encore la championne de France de javelot Jöna Aigouy ?
Quant à l'année 2025, elle devait être celle de la mise en valeur de l'héritage des Jeux et de la promotion active du sport, notamment auprès des jeunes. Pourtant la trajectoire budgétaire inscrite dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2024 laisse apparaître une baisse de 160 millions d'euros pour le budget de l'année suivante, sans détailler si cette baisse concerne le sport, la jeunesse ou la vie associative.
Toutefois, en raison des Jeux olympiques et paralympiques, qui doivent tous nous mobiliser, parce que le budget pour 2024 ouvre des crédits, notamment en faveur des sportifs de haut niveau, et afin de ne pas envoyer un message négatif en cette période particulière, le groupe Les Républicains s'abstiendra.