Le budget de la mission "Sécurités" est lui aussi globalement en hausse, mais, une fois encore, le diable se cache dans les détails. Les crédits alloués au fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (FIPDR) augmenteront de 3 ou 4 % à peine, à un moment où nous devrions y consacrer tous les moyens nécessaires, car il vaut mieux essayer de prévenir que de réagir lorsqu'il est trop tard. Nous constatons que l'essentiel des crédits est consacré à la vidéosurveillance algorithmique ; on finance à coups de millions ce fameux Big Brother que l'on promet de déployer partout.
La baisse des moyens de l'action numérique constitue une vraie surprise – la Lopmi promettait, au contraire, une accélération en ce domaine –, de même que celle des dépenses de formation pour la police nationale. Il faudrait plutôt renforcer la formation des agents, notamment en matière de tir, pour répondre à une demande récurrente de leur part. Il est également important de consacrer davantage de moyens à l'action sociale.
Pour ce qui concerne plus spécifiquement la police, il est un sujet dont on a beaucoup parlé mais, puisque la pédagogie passe par la répétition, je répète qu'avec plus de 1 000 suicides depuis vingt ans, il est temps d'agir. On peut répéter ad nauseam que les suicides ne sont jamais liés à une seule chose et que le travail n'est qu'un facteur parmi d'autres. Il n'en demeure pas moins que lorsque des policiers, dont la mission est d'assurer la sécurité, se retrouvent en situation de dépression, toutes les études cliniques et toute la littérature scientifique indiquent que celle-ci mène à l'irritabilité, à la violence et à des réactions disproportionnées. Chaque fois que l'on renonce à lutter contre ces suicides, chaque fois que l'on ne consacre pas de moyens à l'aide psychologique des agents, qui en font la demande, c'est la démocratie que l'on abîme, c'est tout notre système que l'on empêche de fonctionner correctement.