Intervention de François Piquemal

Réunion du mercredi 18 octobre 2023 à 15h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Piquemal :

Le budget affiche 7 milliards d'euros supplémentaires pour la transition écologique : cela semble beaucoup, mais c'est en réalité peu compte tenu des enjeux. Pour atteindre la neutralité en carbone, l'économiste Jean Pisani-Ferry estime qu'un investissement public de 34 milliards d'euros serait nécessaire, le financement de cet effort exigeant de taxer les plus riches.

Ce manque d'investissement global se retrouve dans les crédits de la mission Cohésion des territoires. Les crédits de l'action 02 Eau et agriculture en Bretagne du programme 162, dédiés à la lutte contre les algues vertes, et ceux du volet territorialisé du plan national d'action Chlordécone IV diminuent tous deux de 5 %. Pourtant, la justice a pointé dans les deux cas, en juin 2022 pour le chlordécone et en juillet dernier pour les algues vertes, les responsabilités de l'État et lui a demandé d'agir. Le danger que font peser les algues vertes est bien connu : plages polluées et désertées et pollution des cours d'eau et des terres ; concernant le chlordécone, plus de 90 % de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique est touchée.

Les algues vertes et le chlordécone symbolisent les conséquences sanitaires et environnementales désastreuses d'un modèle agricole productiviste, qui se situe à l'opposé de l'agriculture paysanne et vivrière que nous défendons et qui repose, entre autres, sur la sortie des pesticides ou l'instauration d'un prix plancher pour assurer un revenu digne aux paysans.

Autre exemple, également aux Antilles, les algues sargasses s'échouent et s'accumulent sur les littoraux depuis 2011 : elles causent des problèmes cardiaques, notamment aux femmes enceintes. Or l'action créée dans la loi de finances pour 2023 et pour quatre ans connaît déjà une baisse de crédits dans ce PLF.

Ces trois exemples montrent que ce budget n'est pas à la hauteur des enjeux écologiques et que le manque d'investissements aura des conséquences sur les dépenses de santé générées par ces trois fléaux pour le vivant. Pour ces raisons, nous voterons contre l'adoption des crédits de la mission.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion