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Intervention de Gabriel Amard

Réunion du mercredi 18 octobre 2023 à 9h40
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Amard :

Ce PLF semble entériner la volonté du Gouvernement de promouvoir un monde révolu. Il paraît s'enliser dans le modèle moribond du nucléaire, à l'heure où de graves crises politiques démontrent que cette énergie ne peut être synonyme d'indépendance.

Nous nous interrogeons face au refus du Gouvernement d'accorder à l'ASN vingt-neuf équivalents temps plein d'ici à 2026, afin que celle-ci puisse remplir ses missions, alors qu'il lance un programme de construction de nouveaux réacteurs.

Nous dénonçons le dangereux plan de fusion de l'ASN et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et le Gouvernement met au cœur du PLF la relance du nucléaire en faisant fi de la sûreté nucléaire ! Nous condamnons cette prise de risque alors que la centrale du Bugey, doyenne européenne, est toujours en activité et a été choisie pour accueillir deux nouveaux réacteurs EPR 2 et que, depuis quarante ans, elle a accumulé des dizaines d'avaries, de pannes, de fuites et d'incidents. Nous nous associons à l'appel de Greenpeace du 22 octobre visant à sortir du nucléaire et aux dizaines d'actions qui dénonceront les conséquences de l'industrie nucléaire sur nos ressources, notamment, en eau.

Rien ne semble indiquer une volonté de faire de Météo-France un acteur clé pour faire face aux bouleversements climatiques, alors que cet opérateur a déjà dû faire face en dix ans à la suppression de 600 postes et à une diminution de 20 % de la subvention de l'État.

Nous nous associons aux craintes formulées par le rapporteur pour avis Jean-Louis Bricout. Alors que le Gouvernement affirme sa volonté de tripler le nombre de rénovations performantes en une seule année, le budget consacré à la rénovation énergétique est loin d'être multiplié par trois. Au rythme gouvernemental, il faudrait près de deux millénaires pour rénover l'ensemble des passoires thermiques. L'urgence climatique nous oblige à un changement d'échelle immédiat. Tel est le sens de la proposition que nous défendons avec M. Coulomme. Nous pouvons financer 100 % des travaux permettant de diminuer la consommation d'énergie de 25 millions de passoires thermiques à travers un mécanisme de prêts hypothécaires que l'État récupère à la mutation du bien.

Alors que la précarité s'installe partout et que la flambée des prix du gaz et de l'électricité s'étend à l'ensemble des foyers, le Gouvernement s'enlise dans la politique des chèques et des ristournes. Nous condamnons l'hypocrisie d'un mécanisme inefficace comme le chèque énergie. La Cour des comptes souligne d'ailleurs que, parmi les 3,7 millions de ménages en situation de précarité énergétique, 25 % n'en bénéficient pas. Un seul mécanisme serait à la hauteur : le blocage des prix.

Ce PLF nie les bouleversements qui se présentent devant nous. Malgré les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) et les condamnations successives du Gouvernement pour inaction climatique, celui-ci s'obstine dans la relance dangereuse du nucléaire et dans des mesurettes d'apparence. Le monde nous regarde : nous devons être à la hauteur.

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