La République, monsieur le ministre délégué, ce n'est pas seulement un régime d'organisation de la vie publique : c'est un programme politique, contenu dans la devise Liberté, égalité, fraternité, et qui garantit le droit à l'existence et au bonheur. J'ai trouvé vos propos choquants ; quand on parle de la République, il faut être capable d'en tenir les promesses.
Où est la République quand le taux de pauvreté varie entre 33 et 77 % dans les outre-mer, quand il s'établit à 14 % dans l'Hexagone ? Où est la République quand le chômage y varie de 11 à 30 %, contre 7,4 % dans l'Hexagone ? Quand les prix des produits alimentaires y sont de 28 à 38 % plus élevés que dans l'Hexagone ? Quand le droit à l'eau n'est pas garanti, quand 50 % de la flotte se perd en Guadeloupe à cause de fuites, quand 15 à 20 % de la population de Guyane n'a pas accès à l'eau potable à cause de la vétusté des canalisations ? On n'est plus capable de faire des tuyaux ? Nous sommes la France, tout de même, la sixième puissance économique du monde ! S'il n'y avait pas de flotte dans le 16e arrondissement de Paris, le problème serait réglé depuis longtemps ! Où est la République quand 12 % du parc immobilier, contre 1,2 % en métropole, est vétuste ? Quand le taux d'illettrisme atteint 20,3 %, contre 7 % en métropole ? Quand les outre-mer sont parmi les pires déserts médicaux et que l'on refuse pourtant la réintégration des soignants non-vaccinés ?
La République, c'est un très beau mot, mais il a un contenu. Parlons-en, mais à condition de donner corps aux deux derniers termes de notre devise – « égalité », « fraternité ».