Nos outre-mer méritent un ministre d'État. Le simple fait que les ultramarins aient un ministre délégué rattaché au ministre de l'intérieur montre le peu de considération du Gouvernement à leur égard. Ce sentiment est largement partagé par les intéressés. On pourrait au moins espérer que votre rattachement permette de bien doter les outre-mer en moyens de lutte contre l'insécurité, mais il n'en est rien.
Je suis chargé d'un avis budgétaire qui se concentrera notamment sur la sécurité dans les outre-mer, et si l'Assemblée nationale et notre commission m'ont refusé un déplacement pour y rencontrer nos forces de l'ordre, je n'en procède pas moins à de nombreuses auditions à distance. Elles confirment l'abandon total des outre-mer par l'État. Ces termes sont ceux de mes interlocuteurs, qui sont nombreux à les employer, notamment de représentants des policiers d'outre-mer, pas plus tard que ce matin.
Nos forces de l'ordre subissent la réforme de l'organisation de la police en vigueur dans certains territoires ultramarins. La spécialisation des policiers est menacée ; on demande déjà à certains agents de la police aux frontières de s'occuper de sécurité publique, et vice versa. Comment croire, d'ailleurs, que cette réforme n'aura pas les mêmes effets en métropole ? Nos forces de l'ordre subissent aussi l'inadaptation des moyens humains et financiers aux spécificités des outre-mer, des tenues aux véhicules en passant par les effectifs, sous-dimensionnés.
L'ensemble des organisations syndicales de policiers tirent la sonnette d'alarme. Arrêtez le bla-bla et agissez ! Les habitants, les institutionnels, les élus locaux sont eux aussi désespérés. À quand de vrais moyens pour la sécurité, à quand une volonté affirmée de maîtrise des frontières, notamment maritimes ? À quand une vraie stratégie, à court, moyen et long termes, grâce à une loi de programmation sur quinze ans, pour un développement économique qui est primordial ?