Madame, vous allez me laisser répondre.
Mme Le Pen, disais-je, avait proposé que les journalistes qui divulguent les procès-verbaux d'une information ou d'une enquête en cours soient condamnés à deux ans d'emprisonnement. Or ils ne sont pas tenus au secret de l'instruction – seuls le sont les policiers, les magistrats et les avocats. Voilà donc votre conception de la justice : Conseil constitutionnel au pas, journalistes au pas, et un garde des sceaux qui peut intervenir dans les affaires en cours. Pour ma part, je suis un tenant farouche et obstiné de l'État de droit.
Vous ne cessez de rappeler que je me suis fait applaudir par des détenus lors de ma première visite à Fresnes. J'ai dit que j'étais le ministre des détenus ; cela n'a rien de déshonorant. Je suis aussi le ministre des surveillants pénitentiaires, des avocats, des magistrats, des greffiers et de tous les justiciables. Quand vous payez des impôts, vous avez pour ministre Bruno Le Maire et Gabriel Attal. Quand vous êtes justiciable, je suis votre ministre. Vous traitez les détenus avec une telle condescendance !
Je vais vous raconter une anecdote. Un jour, je me rends dans un centre éducatif fermé. Je rencontre un délinquant, un tout jeune homme incapable de dire un mot, totalement prostré. J'essaie de lui parler, il ne me répond pas. Il y a là un baby-foot, et je l'invite. Ces deux secondes d'humanité – de faiblesse, à vos yeux –, vous en avez obtenu je ne sais comment la photo et vous êtes allés raconter partout que c'est comme cela que je traitais les détenus. C'est une honte ! Je ne serai jamais à vos côtés.