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Intervention de Benjamin Lucas-Lundy

Réunion du mardi 27 septembre 2022 à 15h05
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenjamin Lucas-Lundy :

Vous êtes à la fois un ministre entrant et un ministre sortant – ce qui permet de ne pas se fier à vos seules déclarations, mais de considérer aussi votre bilan. Si l'on peut prendre du plaisir à écouter l'homme de verbe, il existe néanmoins un passif important.

Avant votre nomination, la France avait été condamnée en 2020 par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour l'état indigne de ses prisons. Signe de votre volontarisme de façade, vous aviez été acclamé à la prison de Fresnes. Votre nomination apparaissait comme l'espoir de conditions de vie dignes dans le milieu carcéral. Mais en juillet 2022, à l'issue de votre premier passage au ministère, le premier président de la Cour de cassation a rappelé que les motifs de l'arrêt de la CEDH restaient éminemment d'actualité.

Le résultat est sans appel. De nombreux députés de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale ont visité des prisons ces dernières semaines. Ils constatent les conditions d'insalubrité indignes dans lesquelles la France laisse vivre les détenus. Votre inaction résulte d'une timidité budgétaire et de la frilosité du Président de la République face aux offensives de l'extrême droite. J'en veux pour preuve vos propos au moment de l'affaire dite « Kohlantess » – je ne sais pas d'ailleurs s'il convient de parler d'affaire.

Quel Éric Dupond-Moretti avons-nous devant nous ? Est-ce l'avocat soucieux des droits de ses clients, ou bien le ministre qui a repris les thèmes et les termes de l'extrême droite quand il s'est agi d'évoquer la situation à Fresnes ? Est-ce le ministre qui parle de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ou le citoyen qui déclarait que certaines femmes regrettaient de ne pas se faire siffler dans la rue ? Est-ce l'homme de verbe qui proclamait de belles valeurs à Lille, ou celui qui ne bronche pas, place Vendôme, quand son collègue ministre de l'intérieur évoque la double peine ?

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